Y a-t-il des contre-indications à l’EMDR ?
Mis à jour le 10 octobre 2022
Article Y a-t-il des contre-indications à l’EMDR ? publié par La Croix, le 1er juin 2015.
«Non, l’important c’est que le thérapeute soit bien formé»
Martin TEBOUL
Président de l’association EMDR-France
«Il n’y a pas de contre-indications à l’EMDR. Même en cas de traumatisme complexe, voire de troubles profonds de la personnalité, il est possible de proposer cette thérapie. L’important, c’est que le thérapeute soit bien formé pour pouvoir faire face à d’éventuelles manifestations.
Il peut arriver que le patient se mette à dissocier, c’est-à-dire qu’il se retrouve coupé de lui-même, se sentant dans deux endroits en même temps ou dans un autre monde… Il faut pouvoir réagir de façon adéquate. Beaucoup de travaux expérimentaux sont d’ailleurs actuellement menés sur l’utilisation de l’EMDR pour des personnes souffrant de psychose.
En France, un praticien accrédité par les instances professionnelles – les associations EMDR-France et EMDR-Europe, offre toutes les garanties d’une bonne prise en charge. Je rappelle, tout d’abord, que seules certaines professions peuvent prétendre à l’accréditation EMDR : les psychologues cliniciens, les psychothérapeutes et les psychiatres.
Sachez, ensuite, que la formation comporte deux niveaux : le premier consiste en plusieurs jours de formation initiale dans un des trois organismes dédiés en France, à Paris, Toulouse (où les centres sont privés) et Metz (où la formation se fait en partie à l’université) ; le second consiste en une vingtaine d’heures de supervision.
Il faut avoir pratiqué avec de nombreux patients pour prétendre à l’accréditation, un processus qui prend au moins une année. Ensuite, les praticiens, qui doivent continuer à se former, sont évalués tous les cinq ans.
N’oublions pas, enfin, qu’une personne atteinte de troubles de la personnalité bénéficie en général d’un suivi psychiatrique complet, dont l’EMDR n’est qu’une des composantes possibles. Ce maillage est nécessaire pour les patients souffrant des troubles les plus graves.»
«Oui, mieux vaut l’éviter en cas de troubles profonds de la personnalité»
Alain Brunet
Professeur de psychiatrie à l’université McGill, chercheur à l’Institut Douglas de Montréal (Canada)
«L’EMDR est une belle découverte et, de façon empirique, elle a montré son efficacité, notamment pour traiter l’état de stress post-traumatique. C’est particulièrement vrai concernant les traumatismes survenus à l’âge adulte, lorsque la personnalité est déjà formée. J’ajoute que cette thérapie a l’avantage de s’appuyer sur les ressources du patient lui-même, ce qui est très intéressant.
Je suis plus circonspect, en revanche, en ce qui concerne les traumatismes complexes, en particulier lorsqu’ils ont eu lieu dans l’enfance et ont affecté en profondeur le développement psychique de la personne. Car ce type de trauma a des répercussions à de nombreux niveaux, affectant la personnalité, les modalités d’attachement, etc.
Lorsque l’événement traumatique a engendré des troubles profonds, l’EMDR n’est pas sans risque et mieux vaut l’éviter. Les séances peuvent en effet entraîner des épisodes dissociatifs sévères, qu’il est ensuite difficile de traiter (1).
Il me semble important d’étudier plus avant les contre-indications de l’EMDR, comme on le fait pour les autres psychothérapies. C’est d’autant plus crucial qu’il existe assez peu de contrôle de cette pratique, assez simple à effectuer en apparence et qui peut s’avérer très rémunératrice pour de faux praticiens…
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Vous trouverez également des informations complémentaires sur ce sujet sur le site de l’association EMDR France
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