Utiliser l’EMDR de manière relationnelle dans la pratique clinique quotidienne

Mis à jour le 17 janvier 2022

Marl Dworkin nous propose d’utiliser l’EMDR de manière relationnelle dans la pratique clinique quotidienne dans le 3e chapitre de son livre sur la relation thérapeutique en EMDR :  EMDR and the relational impérative – The therapeutic relationship in EMDR treatment.  Dans cet ouvrage, il explore les nuances subtiles de la relation thérapeutique et le rôle vital qu’elle joue dans l’utilisation de la méthode de désensibilisation et de retraitement par les mouvements oculaires (EMDR) avec des patients traumatisés.
Livre publié en anglais – disponible en ligne sur le site de l’éditeur – payant

Introduction

La difficulté que rencontrent certains cliniciens dans l’utilisation de l’EMDR vient en partie de la nécessité de prêter attention à tous les aspects mécanistes tout en créant une alliance de travail et une relation réelle avec leurs patients. Certains ont exprimé leurs craintes et leurs préoccupations en disant que s’ils devenaient un « thérapeute EMDR », ils perdraient leur moi thérapeutique avec le patient et deviendraient robotiquement fixés sur le modèle EMDR. Cela n’a jamais été l’intention de ces formations.
L’EMDR est-il une approche thérapeutique théorique ou une expérience de pleine conscience dans l’instant ? Il est vrai que la méthodologie standard est assez dense, et qu’il y a de nombreux processus, procédures et protocoles à apprendre. Les cliniciens expérimentaux sont souvent rebutés par la pléthore d’informations qu’il faut rassembler et digérer. À mon avis, cependant, ces informations sont cruciales pour pouvoir être dans le moment présent avec le patient. En outre, je n’ai jamais été autant dans le moment présent que lorsque j’ai établi un rapport avec un nouveau patient, que j’ai passé en revue les détails et que je me suis fait une bonne idée de la personne à laquelle j’ai affaire. Je crois que les gens veulent être connus. Lorsqu’ils se sentent reçus, ils s’ouvrent au travail de guérison. Une fois que la collecte d’informations est terminée et que nous passons au travail actif sur le traumatisme, je participe au traitement du traumatisme. Je scrute continuellement mon corps à la recherche d’informations sur l’état de mon patient. Je pose des questions sous forme d’entrelacs lorsque mon patient se bloque en boucle ou s’éteint. Je peux être pleinement moi-même en sachant que j’utilise une méthodologie puissante et éprouvée pour permettre au cerveau de mon patient de maîtriser son traumatisme.
Dans son article de 2002 intitulé « AIP. Adaptive Information Processing », Shapiro définit le traitement réussi de la pathologie basée sur l’expérience comme étant « assisté par le clinicien ». Elle considère que c’est le cerveau du client qui guérit, tandis que le clinicien lui fournit la structure et le cadre dans lesquels il peut guérir. Les idées de Shapiro sur le rôle du clinicien sont importantes. Elles concernent les tâches du clinicien dans l’alliance de travail (décrite dans la phase 2). La pièce que j’ajoute provient du travail de Siegel sur la neurobiologie des relations interpersonnelles. Chaque fois que deux personnes se trouvent ensemble dans une pièce, l’une discutant ou traitant des problèmes et l’autre facilitant la combinaison nécessaire de stratégies de guérison, leurs interactions, implicites et explicites, feront partie intégrante du travail qu’elles accomplissent.
Voir l’EMDR sous cet angle modifie légèrement la mention que l’on en fait. La meilleure façon dont je l’ai vue énoncée (dans les cercles psychanalytiques) est par Stolorow et Atwood, qui, en parlant de la nature intersubjective du travail entre le clinicien et le patient, l’appellent « l’approche empathique-introspectif » (1997, p. 431 229). Ces auteurs écrivent :
 » Si la notion de neutralité analytique, saisie comme une grandiose illusion défensive, doit être abandonnée et montée, par quoi doit-elle être remplacée ? Quelle est une position alternative appropriée à la situation analytique reconnue comme un système intersubjectif dyadique d’influence mutuelle réciproque, auquel les activités organisatrices des deux participants apportent des contributions co-déterminantes continues ? Nous avons caractérisé cette position comme étant celle d’une enquête empathique-introspective.(p. 441)  »
Dans cette approche, le clinicien est en expiation empathique avec le patient et utilise continuellement sa conscience pour remarquer ses propres réactions intérieures. Cela ne change pas la nature de la structure en huit phases de l’EMDR. Elle introduit des éléments supplémentaires, au-delà de l’alliance de travail, à prendre en compte.

En savoir plus

Formation(s) : Relation thérapeutique – Stratégies relationnelles pour traiter les patients souffrant de traumas difficiles
Dossier(s) : La relation thérapeutique en EMDR

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