Trouble du spectre autistique et phobie spécifique. Traitement avec l’EMDR

Trouble du spectre autistique et phobie spécifique. Traitement avec l’EMDR

Mis à jour le 14 février 2024

Un article de Firat, S., Atik, S., Herguner, S., publié dans Psychiatria Danubina, qui rapporte deux cas de patients atteints de TSA et de phobies spécifiques traités en EMDR. 

Article publié en anglais – accès libre en ligne

Résumé

Les troubles du spectre autistique (TSA) se caractérisent par des déficits dans le fonctionnement social et la présence d’intérêts restreints et de comportements répétitifs (American Psychiatric Association 2013). L’une des comorbidités psychiatriques les plus courantes des TSA est le trouble anxieux ; une étude a révélé que 40 % des enfants atteints de TSA présentent également des phobies spécifiques (PS) (Mayes et al. 2013).

L’objectif de cette étude de cas est d’explorer la viabilité et l’efficacité de l’EMDR en tant que traitement pour deux cas de patients atteints de TSA et de phobies spécifiques

L’EMDR peut être une thérapie appropriée pour les patients atteints de TSA, car ce traitement est largement non verbal et peut être adapté à des conditions spécifiques, telles que l’âge et l’autisme.

Discussion 

Ce rapport de cas démontre l’efficacité du protocole EMDR, adapté à l’âge et à la situation des patients, pour traiter les phobies spécifiques chez les patients atteints de TSA et de phobie spécifique.

Bien qu’il y ait peu d’informations sur le traitement médical des phobies chez les patients atteints de TSA, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) peuvent généralement être utilisés pour traiter les enfants présentant un retard de développement ; cependant, ils sont plus susceptibles d’éprouver une intolérance que les enfants du même groupe d’âge sans problèmes de développement (Mukaddes 2014). Une revue évaluant l’efficacité de divers traitements de la phobie chez les sujets atteints de TSA rapporte que les procédures de renforcement, la modélisation et l’exposition sont soutenues empiriquement. La revue constate également que les techniques interventionnelles, telles que la désensibilisation systématique, la formation des parents, la thérapie comportementale cognitive et la psychoéducation, sont prometteuses mais manquent de soutien empirique (Lydon et al. 2015).

Il est difficile pour les personnes atteintes de TSA d’exprimer verbalement leurs pensées et leurs sentiments, de sorte que l’EMDR présente un avantage significatif par rapport à d’autres traitements, car le processus actif est facilité de manière non verbale par la stimulation bilatérale (BLS) (Kosatka & Ona 2014). En outre, les instructions pour l’activation des souvenirs de traumatisme et le soutien au patient pendant la désensibilisation et le retraitement peuvent être adaptés individuellement en fonction de l’âge du patient. Ces ajustements peuvent également tenir compte de conditions telles que l’autisme et l’âge mental. Par exemple, au cours de la phase III’ de l’EMDR, on peut demander aux enfants dont l’âge mental est compris entre quatre et huit ans de dessiner l’image cible au lieu de la verbaliser (Mevissen et al. 2011b).

Il n’existe actuellement aucune étude publiée évaluant l’efficacité de l’EMDR dans le traitement des phobies spécifiques chez les patients atteints de TSA. Cependant, des études antérieures rapportent que les phobies spécifiques chez les enfants s’améliorent après un petit nombre de séances EMDR lorsque le protocole EMDR sur les phobies est ajusté à l’âge du patient ; ces études rapportent également que le bien-être se poursuit lors des rendez-vous de suivi (Ko- kanović & Barron 2021, Vučina 2021, Muris 1996).

Il existe également très peu d’études sur l’utilisation de l’EMDR pour traiter des pathologies comorbides avec les TSA, et la plupart d’entre elles examinent l’utilisation de l’EMDR pour traiter des adultes présentant des symptômes de stress post-traumatique (TSPT). Plusieurs rapports de cas concluent que l’EMDR améliore les symptômes du TSPT chez les patients atteints de TSA et de TSPT dus à des événements de vie négatifs ; cette réduction des symptômes psychiatriques a également réduit la gravité des symptômes du TSA et amélioré la qualité de vie des patients (Kosatka & Ona 2014, Mevissen et al. 2011a, Lobregt-van Buuren et al. 2019, Mevissen et al. 2011b, Barol & Seubert 2010). Des résultats similaires ont été obtenus dans des études de cas évaluant l’efficacité de l’EMDR dans le traitement des enfants atteints de TSA (Mevissen et al. 2011a, Ipci 2017). Ces études soulignent également la nécessité d’ajuster le protocole EMDR en fonction de l’état et des capacités de chaque patient.

Comme l’EMDR peut facilement être adapté à l’âge du patient et à des conditions telles que l’autisme, et en raison de la nature non verbale de cette thérapie, l’EMDR est une méthode de traitement viable pour les enfants atteints de TSA et de phobies spécifiques.

Conclusion 

Le traitement des troubles comorbides, tels que la phobie spécifique, chez les patients atteints de troubles du spectre autistique (TSA) peut améliorer de manière significative la qualité de vie des enfants atteints de TSA et de leurs familles. Certains symptômes des TSA, tels que les difficultés à exprimer ses sentiments et ses pensées et une sensibilité accrue aux effets secondaires des médicaments en raison d’un développement anormal, peuvent compliquer le traitement de la phobie spécifique chez les enfants atteints de TSA. Comme l’EMDR ne nécessite pas beaucoup d’expression verbale et qu’il peut être adapté à l’âge et à l’autisme, il s’agit d’une approche pratique pour traiter les phobies spécifiques chez les patients atteints de TSA. Ces rapports de cas ont également montré que l’EMDR peut être utilisé pour traiter efficacement les phobies spécifiques chez les enfants atteints de TSA.

En savoir plus 

Références de l’article :

  • auteurs : Firat, S., Atik, S., Herguner, S. (2023). 
  • titre en anglais : Autism spectrum disorder and specific phobia. Treatment with Eye Movement Desensitization and Reprocessing: report of two cases. 
  • publié dans : Psychiatria Danubina, 35(3), 440-444. 
  • doi : https://doi.org/10.24869/psyd.2023.440 

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