Thérapie familiale et pensée intégrative
Mis à jour le 2 juin 2021
Un article Thérapie familiale et pensée intégrative, de Michel Silvestre, publié dans Therapie Familiale
Article publié en français – accès libre sur le site de l’éditeur
Extraits
Les thérapeutes d’aujourd’hui vivent une époque professionnelle stimulante et riche, une époque que je me risquerai à définir comme celle de la maturité où l’élaboration de modèles de pensée complexe intégrant différents paradigmes commence à etre discutée et acceptée. Ce moment nous oblige à prendre de la hauteur et à regarder, comme disent les Angine-Saxons, e the big picturee La clef de voûte de cette prise de hauteur est la pensée contextuelle caractérisée par la mise en relation d’éléments différents.
Ce moment excitant d’intégration et de développement de la pensée complexe nous permet d’envisager des horizons nouveaux. Nous pouvons nous éloigner enfin des horizons étroits qui nous ont trop longtemps enfermés dans des dis-cours dogmatiques de compétition et de rivalité entre vision linéaire et vision circulaire Je me souviens, lors de la soutenance de mon mémoire de lin d’études de psychologie, écrit sur le thème de la thérapie familiale systémique, il est vrai que c’était au siècle dernier, de la remarque d’un membre du jury, éminent pro. [raseur de psychologie: • Michel, dans cinq ans, tu reviendras dans le droit che-mine comme s’il existait un droit chemin! Quel dommage d’avoir entendu ça de la part de quelqu’un dont la mission aurait dû être d’aider à l’exploration d’horie sons nouveaux. Je suis sûr de ne pas avoir été le seul à avoir entendu un tel commentaire et malgré cela, quels chemins nous avons parcourus depuis, grâce au travail effectué auprès de nos patients, des individus et des familles. Quel erre chissement la pensée contextuelle nous a permis de vivre et combien elle peut nous aider maintenant à réfléchir sur les modèles intégratifs complexes.
Penser la complexité est une nouvelle aventure qui nous oblige à définir une route où la rigueur du raisonnement intégratif doit rester forte afin de nous prévenir d’un discours clinique flou où, sous le couvert de cette complexité, tout serait possible. Avoir un raisonnement intégratif ne veut pas dire tout mélanger mais bien au contraire prendre en compte un ensemble cohérent où une vision plus large, celle de la relation entre les divers éléments, existe et se conjugue avec une vision plus étroite, celle de l’individu. Les allers retours entre ces deux visions, les dimensions diachronique pour l’individu et synchronique pour la relation, dans un respect de la hiérarchie des niveaux logiques illustrent cette pensée contextuelle. La cohérence finale de cet ensemble résultera donc de la démarche du clinicien où son premier regard se portera vers le relationnel pour ensuite aller vers l’individuel. Nous retrouvons ainsi comme autre principe organisateur de cette pensée complexe la notion clef du primat du relationnel sur l’individuel.
La phylogenèse nous a appris que l’être humain se développe d’abord par les expériences sensorielles et relationnelles et ensuite, comme démontré par le développement ontogénétique, le cognitif singulier se développe. Ainsi comme l’a écrit Damasio (L’erreur de Descartes), nous avons progressivement changé de ponctuation du « je pense donc je suis » à « je ressens donc je suis ».
Le travail avec les cas cliniques complexes comme ceux rencontrés dans les situations de traumatismes familiaux ou extra-familiaux où le traitement de la blessure individuelle doit être tricoté avec celui de la blessure du lien (M. Silvestre ) les récentes découvertes de neuro-psychologie (Daniel Siegel ) et les apports de la thérapie EMDR (Francine Shapiro) depuis une trentaine d’années nous bousculent, nous éclairent sur le fonctionnement du cerveau et nous aident à comprendre le pourquoi et le comment de notre travail thérapeutique. Nous devons apprendre à penser non plus en termes de l’altérité de l’un ou de l’autre de ces éléments, la personne ou le lien, le passé ou l’ici et maintenant mais de l’ensemble de l’un et de l’autre dans un fonctionnement intégratif. Contextualiser les notions d’attachement et de régulations émotionnelles, comme le fait par exemple Michel Delage dans son dernier ouvrage La vie des émotions et l’attachement dans la famille », enrichit cette vision complexe et y apporte un nouvel éclairage.
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Références de l’article Thérapie familiale et pensée intégrative :
- auteurs : Michel Silvestre
- publié dans : Therapie Familiale; Geneva Vol. 34, N° 4, (2013): 455-456.
Formation(s) : EMDR et thérapie familiale
Dossier(s) : Dossier EMDR avec les familles