Thérapie EMDR et clinique des deuils traumatiques récents
Mis à jour le 30 septembre 2022
Un article Thérapie EMDR et cliniques des deuils traumatiques récents, de Martine Iracane, publié dans livre Mieux comprendre la thérapie EMDR : 13 études de cas, ouvrage collectif, sous la direction de Lionel Souche et Nicolas Baltenneck, publié par In press, dans la collection Concept-psy.
Extraits :
1. Introduction
Reconnue efficace dans le traitement des états de stress post-traumatiques (Chen et al., 2014) et validée par les instances médicales telles que l’INSERM (2004, 2015), HAS (2007) et l’OMS (2013) la thérapie EMDR se révèle particulièrement indiquée dans les cas de deuils pathologiques et compliqués, et notamment dans les cas de deuils traumatiques (Salomon et Rando, 2007) en soulageant les souffrances invalidantes (Shapiro, 2007). En effet, quand la blessure psychique du psycho-traumatisme interfère négativement avec le travail psychologique de deuil, notamment dans le cas de perte violente, le tableau psychopathologique qui en résulte peut devenir préoccupant. Dans cette malheureuse configuration, le travail de deuil se complique des symptômes aigus, péri et post-traumatiques qui obèrent une évolution favorable et adaptative. Le deuil relève d’une expérience intime et douloureuse qui génère une souffrance profonde relative à la prise de conscience d’une séparation définitive. Il procède d’étapes successives entraînant d’importants remaniements identitaires au cours d’un processus nommé travail de deuil (Freud, 1915) qui conduit à l’intégration progressive de la perte et à l’acceptation. Cependant, ces étapes peuvent se dérouler selon des durées variables d’une personne à une autre en fonction de multiples facteurs tels que les circonstances de la perte, le type de lien d’attachement entretenu avec l’endeuillé, l’existence de deuils antérieurs, les facteurs de personnalité et la présence ou absence du soutien social. En général, la durée moyenne du deuil dans le cadre d’un deuil sain, est évaluée selon les auteurs à 6 mois (Jacobs et Prigerson, 2001) ou à 14 mois (Horowitz et al., 1997). Mais lorsque la perte survient de manière imprévisible et brutale, le deuil peut se compliquer d’éléments traumatiques et devenir un deuil pathologique spécifique, nommé deuil traumatique.
Nous montrerons ici comment la thérapie EMDR, pratiquée très précocement après l’impact traumatique et l’an-nonce de la perte brutale, a pu aider les deux partenaires d’un couple à s’acheminer vers un travail de deuil sain débarrassé des symptômes post-traumatiques qui auraient pu en bloquer l’évolution de manière invalidante. Nous ferons également ressortir, au-delà de la prise en compte de la confrontation à un même évènement, comment les facteurs de personnalité et la teneur des tableaux cliniques nous engagent vers la construction de plans de traitement spécifiques adaptés à chacun.
2. Présentation clinique des patients
C’est une thérapeute EMDR, elle-même contaminée par l’événement brutal, qui va adresser la demande d’aide pour ce jeune couple d’amis qui revient de voyage de noces et se retrouve brutalement propulsé en plein drame… Alertée par l’absence de nouvelles de sa mère qu’elle savait par ailleurs engagée, dans une relation de couple tourmentée avec un homme opposé à une séparation, Mme B va brutalement…
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Formation La thérapie EMDR dans le traitement des deuils compliqués