Thérapie EMDR avant TSPT L’intérêt de traiter le Trouble Stress Aigu d’un événement récent

Mis à jour le 28 mars 2024

Un article de Nicolas Desbiendras, publié dans l’European Journal of Trauma & Dissociation, qui propose de discuter des effets des interventions thérapeutiques en psychothérapie EMDR sur un événement récent.

Article publié en français – disponible en ligne sur le site de l’éditeur – accès payant

Résumé

Cet article est une recherche clinique basée sur notre pratique.

Cette étude a examiné la possibilité de prendre en charge précocement en thérapie EMDR des patients ayant vécu des traumatismes.

La thérapie EMDR (Eyes Movement Desensibilisation and Reprocessing) est une thérapie d’intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires pour traiter les traumatismes.

L’objectif de cette étude est de voir si une prise en charge spécialisée précoce peut prévenir l’apparition du Trouble de Stress Post Traumatique (TSPT).

Tous les patients (N = 31) ont été pris en charge quelques jours à quelques semaines après avoir vécu un événement traumatique. Ils ont été évalués avant et après thérapie avec un PCL-5.

Les résultats montrent que 96.8 % des patients n’ont pas développé de TSPT et que pour 77.4 % des patients, 5 séances ou moins ont suffi avec une moyenne de 4.29 séances et un écart type de 2.08.

La thérapie EMDR est recommandée pour la prise en charge du TSPT mais rien n’est jusqu’à maintenant précisé pour la prise en charge du Trouble Stress Aigu (TSA).

Les éléments de cette étude nous permettent d’avancer que la thérapie EMDR serait une piste pour traiter de manière précoce les patients et prévenir l’apparition du TSPT.

Objectifs

Dans cette recherche nous souhaitons mettre en avant l’intérêt d’une prise en charge précoce des victimes d’un événement traumatique par la thérapie EMDR ; spécifiquement avec le protocole R-TEP : Recent Traumatic Episode Protocole (Shapiro E. 2015, 2018). En effet la thérapie EMDR est basée sur les preuves scientifiques (evidence based practice) et est préconisée pour le traitement du TSPT (ISTSS, 2007 ; OMS, 2013 ; VA/DoD, 2017 ; APA, 2017 ; NICE, 2018), mais cela pourrait laisser penser qu’il faut attendre le diagnostic de TSPT à un mois après l’événement traumatique. Or laisser des patients en souffrance durant un mois sans prise en charge adaptée est inenvisageable. Nous souhaitons mettre en avant le fait que la thérapie EMDR est aussi indiquée pour le traitement du TSA et permet aux patients de retrouver assez rapidement une bonne qualité de vie.

De plus, nous sommes demandés si certaines variables (âge, sexe, type de traumatisme, traitement médical, délais de prise en charge, dommage corporel, perte de proche, antécédents traumatiques) pouvaient influencer le nombre de séances nécessaires.

Nos hypothèses sont qu‘il est possible de prendre en charge les patients en thérapie EMDR avec le protocole R-TEP dès le lendemain de l’événement traumatique avec une résolution rapide des symptômes post-traumatiques. Nous supposons aussi qu’il existe des variables influençant sur le nombre de séances et que certaines précautions seraient à prendre.

Le Trouble Stress Aigu (TSA )

Le Trouble Stress Aigu (TSA) est une entité diagnostique qui permet d’évaluer les victimes d’un événement traumatique de 3 jours à un mois après l’événement (DSM-V, American Psychiatric Association, 2013, trad. Fr., Elsevier Masson, 2015). Une étude montre une forte corrélation entre le TSA et le trouble de stress post-traumatique (TSPT) (Harvey & Bryant, 2000). Les auteurs ont montré que 73 % des victimes diagnostiquées TSA répondront aux critères diagnostiques de TSPT dans les deux ans. Quant à ceux n’ayant pas eu de TSA, 8 % auront quand même un TSPT. Garfin (2018)) ajoute qu’au delà du diagnostic de TSA comme prédicteur d’un futur TSPT, il faut aussi ajouter les symptômes aigus de reviviscence, d’évitement et d’altération dans l’éveil ; et que de nombreux patients n’ayant pas expérimenté de phase aiguë de dissociation développeront quand même par la suite un TSPT.

Le DSM interdit de poser un diagnostic de TSPT dans le mois qui suit un trauma, ainsi le TSA permet d’évaluer ces patients. Des cliniciens ont permis de décrire que l’introduction du diagnostic de TSA avait pour objectif de différencier les personnes ayant des réponses transitoires au stress de celles présentant les stades précoces d’un TSPT et faciliterait une intervention précoce afin de limiter la progression du TSPT. Mais les études longitudinales indiquent que le TSA n’est pas un prédicteur précis du TSPT (Bryant, 2018).

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