Témoignage de Patricia rescapée de l’attentat de Nice
Mis à jour le 14 décembre 2023
Le Témoignage de Patricia rescapée de l’attentat de Nice, publié sur le site de Nice Matin
Sur son bureau, Précilia a posé un dossier qu’elle n’a encore jamais ouvert. C’était il y a un an, elle avait écrit «Attentat» en gros sur la couverture. «Une association de victimes m’avait conseillé de le faire, mais finalement je n’ai pas porté plainte… D’ailleurs je n’ai rien fait. Je crois que ça me coûte trop de me remettre dedans.»
Pendant longtemps, Précilia n’a même pas voulu «consulter». Elle dit simplement qu’elle ne se «sentait pas plus victime que ça». Aujourd’hui, elle suit une psychothérapie et fait de l’EMDR, une méthode qui mélange des techniques de visualisations mentales et de stimuli physiques pour guérir des traumatismes. «Parce que je n’arrivais pas à remonter à la surface.»
Le 14 juillet sur la Prom’, Précilia l’a fêté petite, ado et adulte. Tous les ans ou presque. La jeune femme aime «les paillettes» ; elle sourit, agite bracelets et boucles d’oreilles, «alors les feux d’artifices évidemment…»
Ce soir-là, elle était avec son mari, des amis et leurs enfants. Elle venait d’acheter un ballon en forme de chat à un vendeur ambulant pour consoler sa filleule de 2 ans et demi ; «la petite» avait hurlé jusqu’au bouquet final. «Je me souviens avoir eu l’impression que c’était blindé de monde autour de nous, mais je n’entendais que le vent.» Le psy lui a dit que le cerveau mélangeait parfois les souvenirs. Elle hausse les épaules.
«Ensuite, c’était un essaim d’abeilles géant. Tu réalises que ce sont des gens qui courent. Alors, tu cours.» Avec son mari, ses amis et leurs enfants, Précilia se réfugie au sous-sol d’un hôtel, dans les toilettes. Ils sont une quinzaine, ils attendent. Elle pense à la fusillade du Bataclan, ils y pensent tous, l’angoisse monte. La peur, nue. «On attendait que quelqu’un arrive et nous canarde. On avait regardé partout, il n’y avait aucune issue.»
Elle reprend son souffle: «Je me suis sentie nulle. tellement nulle. J’étais tétanisée. Pour moi, j’allais les voir mourir, c’est ça qui m’a brisée.» Ils finissent par réussir à rentrer dans une chambre d’hôtel. Son amie lui dit qu’elle ne doit pas pleurer «devant la petite» parce que «ça lui fait peur». Précilia dit qu’elle s’en veut tellement, encore.
Et puis il y a les morts. Elle croit savoir qu’il y en a eu, à côté du marchand de ballons et que c’étaient des enfants: «Pourquoi un petit garçon et pas moi ?»
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Témoignage de Patricia rescapée de l’attentat de Nice complet sur le site de Nice matin