Santé et bien-être des victimes de violences et d'abus sexuels fréquentant les centres d'orientation pour les victimes d'agressions sexuelles en Angleterre

Santé et bien-être des victimes de violences et d’abus sexuels fréquentant les centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles en Angleterre

Mis à jour le 10 avril 2025

Un article de O’Doherty, L. J., Carter, G., Sleath, E., Brown, K., Brown, S., Lutman-White, E., Jackson, L., Heron, J., Kalsi, P. T., Ladeinde, O. C., Whitfield, D., Caswell, R., Gant, M., Halliwell, G., Patel, R., & Feder, G., publié dans Health and Social Care Delivery Research

Article publié en anglais – accès libre

Résumé

CONTEXTE 

Un million de personnes en Angleterre et au Pays de Galles subissent des violences et des abus sexuels chaque année, dont près de la moitié sont victimes de délits sexuels graves ; environ 30 000 survivants accèdent aux centres d’orientation des victimes d’agressions sexuelles. 

OBJECTIFS 

Cette recherche a été commandée par le National Institute for Health and Care Research afin d’évaluer l’accès, les interventions et les parcours de soins pour les survivants, en particulier ceux fournis par les centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles. 

CONCEPTION, ENCADREMENT, PARTICIPANTS 

Le parcours de soins des centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles a été étudié dans le cadre de six sous-études. Deux revues Cochrane ont été réalisées (4 274 participants). Soixante-douze prestataires et cinq survivants ont été interrogés sur huit sites ; l’étude sur les enfants et les jeunes a impliqué 12 participants de deux centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles. Une étude de cohorte comprenant une collecte de données en trois vagues sur un an (21 sites ; 2602 utilisateurs de services sélectionnés, 337 recrutés) a utilisé un cadre de modélisation multiniveau pour explorer les facteurs de risque de la charge des symptômes de stress post-traumatique au départ et de l’évolution à un an. Nous avons analysé les coûts et les résultats et effectué une analyse narrative (41 survivants). Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les survivants et avons donné la priorité à la sécurité et au bien-être des participants et des chercheurs. 

RÉSULTATS 

Les revues Cochrane ont identifié des effets importants des interventions psychosociales pour le stress post-traumatique et la dépression. Les centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles ont fourni un service de première ligne de grande qualité aux survivants, mais les groupes victimes de violences domestiques et certaines minorités ethniques et culturelles étaient sous-représentés. La recherche qualitative a mis l’accent sur la collaboration interagences au profit des survivants. 

L’étude de cohorte a permis d’identifier une « triade » de risques composée d’expériences négatives vécues pendant l’enfance, d’une mauvaise santé mentale et de privations économiques, associée à une charge traumatique de base. 

Un an plus tard, les symptômes de traumatisme se sont considérablement améliorés. Ces améliorations n’étaient pas liées aux différents modèles de centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles. Les coûts et les autres résultats étaient également similaires d’un modèle à l’autre. 

Des pratiques/procédures policières et judiciaires préjudiciables ont été identifiées par 25 % des participants. 

Dans ce contexte, les techniques d’entretien adaptées aux traumatismes, les mises à jour régulières et opportunes et la transmission des décisions avec soin ont été considérées comme de bonnes pratiques. 

LIMITES 

L’étude de cohorte ne comportait pas de groupe de comparaison, ce qui réduit la confiance dans la conclusion selon laquelle l’accès à des centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles explique la réduction observée du trouble stress-traumatique. 

CONCLUSIONS ET TRAVAUX FUTURS 

Les obstacles à l’accès nécessitent des efforts concertés pour mettre en œuvre des services de santé universels tenant compte des traumatismes. La « triade » des risques souligne la valeur des approches holistiques des soins dans les centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles et des soins de suivi en temps opportun. Une mauvaise santé mentale est le principal obstacle à l’accès aux services au-delà des centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles. La persistance des symptômes de traumatisme un an après l’accès aux centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles indique qu’il est urgent de s’attaquer aux listes d’attente en matière de conseil, d’élargir les options de soutien et de s’engager à fournir des soins tout au long de la vie. L’évaluation multidisciplinaire des centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles en vue d’améliorer la santé constitue une base pour faire progresser les pratiques tenant compte des traumatismes dans le contexte de la violence et des abus sexuels.

Implications pour les soins de santé

Les centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles offrent un service de première ligne de grande qualité aux survivants et constituent une passerelle efficace vers les services de santé, les ISVA et les services du secteur bénévole.

Une triade de traumatismes vécus, de problèmes chroniques de santé mentale et de privations économiques est apparente, ce qui met en évidence le potentiel des approches holistiques dans les centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles (SARC). Le fait de s’enquérir d’un large éventail de facteurs contextuels peut améliorer l’accès aux thérapies appropriées (voir nos revues Cochrane) ainsi qu’aux soins sociaux et à la défense des droits en matière de logement, de finances et de violence domestique, dans le cadre de l’approche multidimensionnelle visant à soutenir le rétablissement et la guérison des survivants de violences et d’abus sexuels.

Les difficultés de santé mentale représentent le principal obstacle à l’accès aux services au-delà des SARC, et les personnes touchées ont eu du mal à accéder de manière cohérente aux soins primaires et thérapeutiques dont elles avaient besoin au sein du NHS ainsi qu’à l’engagement avec la justice, ce qui nécessite des ressources ISVA dédiées et spécialisées dans la santé mentale.

Les inégalités sont exacerbées dans les situations où les survivants disposant de ressources suffisantes ont la possibilité de payer les soins thérapeutiques dont ils ont besoin et où ceux qui n’ont pas de ressources n’ont pas la possibilité de payer et restent dans l’attente.

Les conclusions sur les risques encourus par les groupes raciaux et autres minorités appellent à des efforts concertés pour aider les personnes à accéder aux soins par le biais de programmes et de campagnes de sensibilisation et pour mettre en place des services de santé universels tenant compte des traumatismes. Les récits de discrimination raciale et culturelle de la part des services n’ont pas été dominants dans notre enquête qualitative, mais des dommages profonds ont été signalés lorsqu’il y avait eu discrimination.

Il existe des interconnexions vitales entre les expériences de la justice et les résultats en matière de santé dans ce contexte. Les préjudices subis dans le cadre de la police et de la justice ont été marqués, et les appels à des efforts continus pour améliorer la communication et d’autres pratiques de la police dans ce contexte sont justifiés. Nos données ont permis d’identifier les bonnes pratiques observées et les récits contenant des mesures pratiques que les agences peuvent prendre pour minimiser les préjudices et améliorer les expériences de la justice.

Nous avons trouvé un soutien pour des stratégies de mise en service cohérentes qui promeuvent une approche collaborative de l’ensemble du système pour répondre aux besoins variés des personnes après une exposition à la violence et aux abus sexuels.

La recherche met en évidence d’importantes améliorations des symptômes de traumatisme, mais les symptômes persistent pour de nombreux participants après un an, ce qui justifie les appels à lutter contre les listes d’attente, à améliorer l’offre thérapeutique et à s’engager à fournir des soins tout au long de la vie pour les survivants de violences et d’abus sexuels.

Il a été démontré que le fait de travailler avec des survivants à tous les niveaux de la recherche améliore la faisabilité de la recherche et a été ressenti comme une source d’autonomisation par les survivants participants ; cette philosophie devrait être transposée dans la pratique pour diagnostiquer les obstacles à la satisfaction des besoins des survivants et promouvoir l’amélioration des services.

En savoir plus 

Références de l’article Santé et bien-être des victimes de violences et d’abus sexuels fréquentant les centres d’orientation pour les victimes d’agressions sexuelles en Angleterre :

  • auteurs : O’Doherty, L. J., Carter, G., Sleath, E., Brown, K., Brown, S., Lutman-White, E., Jackson, L., Heron, J., Kalsi, P. T., Ladeinde, O. C., Whitfield, D., Caswell, R., Gant, M., Halliwell, G., Patel, R., & Feder, G.
  • titre en anglais : Health and wellbeing of survivors of sexual violence and abuse attending sexual assault referral centres in England : the MESARCH mixed-methods evaluation
  • publié dans : Health Soc Care Deliv Res, 12(35), 1-133

Aller plus loin 

Formation(s) : Violence domestique, attachement, dissociation et EMDR

Dossier(s) : EMDR avec les victimes de violence

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