Retour sur la journée Eco-anxiété : enjeux et accompagnements du 22 janvier 2024
Mis à jour le 24 janvier 2024
Le 22 janvier, l’IFEMDR a organisé la journée « Éco-anxiété : enjeux et accompagnements » à l’attention des thérapeutes pour poser la question : quel rôle avons-nous à jouer ? La matinée en plénière, riche et passionnante, a permis le partage d’informations et de témoignages dans une ambiance d’écoute et d’accueil.
Jule Donjon, référente santé mentale à l’Instance Régionale d’Éducation et de Promotion de la santé en Auvergne Rhône-Alpes (IREPS-ARA), a ouvert le bal en détaillant la palette des émotions ressenties face aux crises environnementales : éco-anxiété, solastalgie, éco-émotions, effondralgie, … avant de nous faire découvrir la courbe de deuil de la collapsologie.
Pour appréhender la réalité des troubles liés à l’éco-anxiété, nous sommes allées à la rencontre du vécu de Tanguy et Maxime, deux jeunes éco-lucides (ils aiment à s’appeler ainsi considérant que l’éco-anxiété est souvent considérée comme une maladie) qui viennent de publier « Vivre avec l’éco-anxiété, l’éco-lucidité » aux éditions Actes Sud. Interpellé sur les possibles conflits intergénérationnels, Maxime nous a parlé du karaoké de Noël qui a permis de chanter en famille plutôt que de débattre sur le changement climatique. Les deux jeunes auteurs ont surtout mis l’accent sur l’importance du collectif lorsqu’on traverse ces états émotionnels, du lien que l’on peut établir avec son corps par la danse ou le chant, par exemple, pour maintenir une distance avec ses émotions. Ils parlent également de la politico-anxiété qu’ils éprouvent face à la faiblesse du pouvoir politique actuel pour enrayer la crise écologique. Et précisent que prendre rendez-vous chez un thérapeute peut sembler compliqué pour toute personne éco-anxieuse, et pas seulement pour les jeunes, par peur d’être jugé ou incompris, les niveaux de conscience n’étant pas toujours accordés.
Manuela Santa Marina, psychologue clinicienne et psychothérapeute, praticienne EMDR, nous détaille ensuite comment ces émotions peuvent se traduire dans sa patientèle. Nous avons parcouru les premiers travaux de Charline Schmerber qui a pu donner la voix à 1066 participants se disant éco-anxieux lors d’une étude qualitative (2019) ainsi que des propositions de « profils type » de patients qui découlent de son expérience terrain.
Pour finir, nous sommes partis au Brésil et au Rwanda pour explorer différents dispositifs de santé mentale communautaire inspirants, pour faire face aux effondrements vécus. Laetitia de Schoutheete, psychologue clinicienne, praticienne EMDR, formatrice et superviseuse au Cercle de Compétences, nous a décrit plusieurs approches comme le « Travail qui Relie » de Joanna Macy, le rituel des « 5 portes du deuil » de Francis Weller ou encore les groupes EMDR.
L’après-midi était dédiée à 3 ateliers pour approfondir la terminologie, la clinique et les dispositifs existants et disponibles pour les thérapeutes. La participation à ces ateliers a permis de soutenir deux associations qui œuvrent dans le champ de l’éco-anxiété : le RAFUE (Réseau des professionnels de l’Accompagnement Face à l’Urgence Écologique) et Cataliz.
Françoise Vernet