Portrait de chercheur – Adrien Gras
Mis à jour le 12 mai 2015
L’Institut Français d’EMDR soutien chaque année de jeunes chercheurs français et étrangers travaillant dans le champs de la thérapie EMDR.
Interview d’Adrien Gras, chef de clinique en Psychiatrie à Strasbourg et chercheur dans le domaine des crises non-épileptiques psychogènes (CNEP), du psychotraumatisme, du trouble de personnalité borderline, et des troubles dissociatifs
Sur quoi portent vos travaux ?
Mes travaux portent sur différents sujets, notamment, pour ce qui concerne l’EMDR, les crises non-épileptiques psychogènes et le psychotraumatisme. Les crises non-épileptiques psychogènes (ou CNEP) sont des crises qui ressemblent à de l’épilepsie (symptômes similaires, avec par exemple des mouvements tonicocloniques, des chutes, des absences) mais dont les causes ne sont pas strictement neurologiques (pas de décharges neuronales paroxystiques, comme dans l’épilepsie) mais plutôt liées à des processus psychogènes. Il ne s’agit pas d’une « simulation » mais d’une véritable pathologie, qui est très invalidante et engendre une forte souffrance psychique. L’évolution en est souvent péjorative. C’est une pathologie fréquente, puisqu’elle touche environ 20% des patients qui consultent dans un service de neurologie spécialisé dans l’épilepsie. L’origine de cette pathologie est encore mal déterminée, et les outils thérapeutiques peu nombreux.
Quel est l’enjeu de vos recherches ?
Les études menées sur les patients souffrant de CNEP montrent une fréquence élevée des psychotraumatismes (de l’ordre de 50 à 80%). Certains auteurs postulent que le traumatisme psychique pourrait être l’un des facteurs étiologiques principaux des CNEP, comme c’est le cas pour d’autres troubles dits « dissociatifs ». Dès lors, il parait intéressant d’utiliser l’EMDR, technique thérapeutique de référence dans les pathologies post-traumatiques, dans le traitement des CNEP. Jusqu’à présent, seuls deux articles ont été publiés sur le traitement des CNEP par l’EMDR, pour un total de 5 patients. Les résultats en sont très encourageants, mais il est nécessaire d’effectuer des études plus étendues pour montrer l’efficacité de l’EMDR dans cette indication. C’est précisément l’objectif de mes recherches.
Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser aux CNEP ?
Dans le cadre de mon activité de liaison, j’interviens 2 à 3 fois par semaine dans un service de neurologie spécialisé dans la prise en charge des patients épileptiques. J’y rencontre de nombreux patients souffrant de CNEP, dont certains que je suis amené à suivre par la suite sur le plan psychiatrique. La prise en charge de ces patients nécessite une étroite collaboration entre psychiatres et neurologues.
Concrètement, comment travaillez-vous ?
Le but de mon travail est d’appliquer la thérapie EMDR aux patients souffrant de CNEP et d’en évaluer l’efficacité sur la diminution du nombre de crises, ainsi que sur la qualité de vie.
A quel stade est la recherche ?
La recherche en est encore à l’état de projet, car l’établissement d’un protocole scientifique de bonne qualité nécessite un travail préliminaire important. Par ailleurs, je suis encore en cours de formation à l’EMDR, et je préfère attendre d’être tout à fait à l’aise avec le protocole thérapeutique avant de l’utiliser chez les patients souffrant de CNEP.
En savoir plus sur Adrien Gras
Le docteur Adrien GRAS est Chef de Clinique en Psychiatrie aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. Il a effectué son internat de psychiatrie à Lille ; ses travaux de thèse et de mémoire portaient sur le trouble de personnalité borderline. Il est formé à l’hypnose éricksonienne ainsi qu’aux thérapies brèves. En parallèle de consultations psychiatriques spécialisées, il exerce une activité de liaison psychiatrique au sein des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, et plus particulièrement dans le service de Neurologie consacré aux patients épileptiques. Dans le cadre de ses fonctions d’enseignement, il fait partie de l’Unité de Simulation Pédagogique de l’Université de Strasbourg où il participe à l’enseignement par le jeu de rôle et au développement de jeux sérieux (jeux vidéo à visée pédagogique).
Plus d’infos
Article de présentation des crises Psychogènes Non Epileptiques (CPNE) par le Docteur Coraline Hingray est psychiatre spécialisée dans les troubles neuropsychiatriques, Service de Neurologie, CHRU de Nancy : présentation, diagnostic, pathologies associées, causes, mécanismes, prises en charge.
Études publiées en EMDR et CNEP crises non-épileptiques psychogènes
Epilepsy Behav. 2004 Oct;5(5):784-7.
The use of eye movement desensitization and reprocessing in the treatment of psychogenic seizures.
Chemali Z1, Meadows ME.
Clinical Psychology & Psychotherapy.
Volume 14, Issue 2, pages 135–144, March/April 2007
Eye movement desensitization and reprocessing in the psychological treatment of trauma-based psychogenic non-epileptic seizures
Kelley S, Benbadis S
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