Les syndromes psychotraumatiques, quoi de neuf dans la CIM-11 ?
Mis à jour le 22 août 2023
Par Evelyne Josse, 2019
Maître de conférences associée à l’Université de Lorraine (Metz)
Psychologue, psychothérapeute (EMDR, hypnose, thérapie brève), psychotraumatologue
Les deux modèles principaux de classification internationale des troubles mentaux sont le DSM, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, publié par l’American Psychiatric Association (APA), et la CIM, la Classification Internationale des Maladies [1], éditée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Ces nosographies sont élaborées par des consortiums d’experts et régulièrement révisées. Édition après édition, les catégories diagnostiques sont affinées, redéfinies, supprimées, regroupées, élargies ou subdivisées en catégories plus fiables. Ainsi suivent-elles l’évolution de la science et des nouvelles des données cognitives, cérébrales, génétiques, etc.
Au fil des révisions, le DSM et la CIM œuvrent à réduire les disparités entre les diagnostics de leur classification respective.
L’utilité des classifications internationales
La question de l’utilité de ces nosographies internationales divise praticiens, chercheurs et experts.
Les professionnels de la santé jugent leur fiabilité [2] et leur validité [3] discutables, en particulier pour les troubles fréquents tels que la dépression et les troubles anxieux [4]. Elles offrent toutefois aux psychiatres un langage commun fort utile et un outil pour orienter leurs interventions thérapeutiques, notamment en termes de prescription médicamenteuse [5]. Rappelons que dans les années 1970, un patient risquait deux fois plus d’être diagnostiqué schizophrène et deux fois moins d’être diagnostiqué déprimé par un psychiatre américain que par un confrère britannique [6] . Ces discordances de diagnostics ont favorisé la mise en œuvre du DSM et de la CIM. Parmi les cliniciens les plus opposés aux classifications, on compte les psychologues et les psychothérapeutes. Peu ou pas utiles dans le cadre des prises en charge psychologique non médicamenteuses, ils comprennent souvent mal leur pertinence.
Pour les experts, ces classifications facilitent le suivi des troubles mentaux, l’évaluation et la gestion du système de santé et par conséquent, la prise de décisions en matière de santé publique. C’est l’objectif déclaré de l’OMS quant à la CIM : « La Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (CIM) a pour but de permettre l’analyse systématique, l’interprétation et la comparaison des données de mortalité et de morbidité recueillies dans différents pays ou régions et à des époques différentes. La CIM est utilisée pour transposer les diagnostics de maladies ou autres problèmes de santé, en codes alphanumériques, ce qui facilite le stockage, la recherche et l’analyse des données et son utilisation en épidémiologie, en planification et gestion sanitaire ou encore à des fins cliniques. » [7]
Les origines de la CIM
Le DSM et la CIM ont des origines et des objectifs différents [8] . Le DSM naît de la volonté d’offrir aux psychiatres un outil pratique visant à faciliter et à homogénéiser la définition des diagnostics des pathologies mentales. La CIM, quant à elle, nait de la volonté des organismes nationaux de se munir d’un système épidémiologique fiable et utilisable par l’ensemble des États.
Formation :
Formation Diagnostic des troubles liés aux séquelles de traumatismes selon la CIM-11