Les empreintes traumatiques précoces
Mis à jour le 30 septembre 2022
Un article Les empreintes traumatiques précoces. Déceler les blessures préverbales, pour mieux accéder aux souvenirs sources, d’Hélène Dellucci, publié dans Trauma et résilience. Victimes et auteurs.
L ‘IMPORTANCE DES INTERACTIONS du début de la vie est reconnue travers de nombreux courants psychologiques. Qu’il s’agisse de développement, (rattachement, de socialisation, de construction du moi ou d’apprentissages fondamentaux, la qualité relationnelle qu’un enfant peut avoir avec son environnement est primordiale pour lui donner des bases et des ressources pour s’épanouir et réussir sa vie.
INTRODUCTION POURQUOI PARLONS-NOUS D’EMPREINTES PRÉCOCES ?
Nous entendons par empreintes précoces des traces mnésiques préverbales, qui se sont inscrites avant l’âge de trois ans c’est-a-dire une époque préverbale, où l’articulation symbolique la parole n’est pas encore acquise. Il s’agit donc de souvenirs non inclus dans le traitement sémantique, qui a Irait au langage, au récit, à la construction biographique. Le matériel stocké est davantage iconique, implicite, non relié à la conceptualisation, uniquement éprouvé. De ce fait, nous ne pouvons parler de souvenirs. Ces souvenirs ne peuvent être identifiés rationnellement, mais existeraient dans des structures archaïques du cerveau, en lien avec le corps sous forme d’empreintes sensorielles.
La mise en relief par la parole n’est bien sûr pas interdite, qu’il s’agisse d’intuitions ou bien de mises en contexte à partir d’ éléments partagés pas des membres de la famille. Pourtant, très souvent, la parole autour d’événements de la petite enfance est déconnectée de l’éprouvé.
Les raisons peuvent être multiples :
• le fonctionnement dissociatif : si ces éprouvés sont traumatiques, il n’est pas rare que le récit familial, s’iI y a, soit vécu comme dissocié des sensations repérables. La personne peut relater un décès survenu autour de sa naissance. et qui a été traumatique pour la famille, ou bien une tentative de suicide de sa mère lorsqu’elle avait un an, mais cela reste de l’ordre du récit factuel, non relié à l’émotion, ni aux sensations. Dés lors, il est possible que l’émotion dissociée soit ressentie plutôt par l’entourage ou bien par un thérapeute empathique. Pour la personne affectée, les empreintes restent cependant sous le sceau de l’amnésie protectrice.
• il existe une fausse idée largement répandue, selon laquelle ce que vit un bébé ne peut être stocké. Jusqu’au début des années quatre-vingt et avant, le monde soignant partageait l’idée selon laquelle un nouveau-né ne pouvait pas ressentir de douleur, au vu de l’immaturité de son système nerveux. Heureusement de nos jours, ces considérations ont été reconnues obsolètes. Cependant, l’idée est tenace que ce qui s’est passé à un âge précoce n’a ni besoin d’are évoqué, ni parlé. étant donné l’absence de souvenirs conscients de cette période du début de la vie. La personne affectée n’a pas d’accès explicite à sa mémoire, et ne peut donc pas questionner précisément ces événements. Des émotions encore fortes, comme la honte accompagnant certains événements. empêchent du mettre des mots sur des expériences qui ont laissé une blessure traumatique. Parfois les personnes qui pourraient témoigner sont elles-mêmes touchées par l’amnésie. ou par le déni
• si des empreintes traumatiques existent, celles-ci sont devenues familières pour la personne, qui a dû se construire malgré elles, et pour l’entourage de l’époque. Aujourd’hui, certains cliniciens suggèrent la dimension nosologique de « troubles traumatiques du développement (Van der Kolk, 2005, 2007 ; Van der Kolk et coll., 2009). À l’âge adulte, la comorbidité s’ étend bien au-delà. Il est fréquent que les personnes développent des troubles de la personnalité, des troubles dissociatifs, des addictions, des tableaux de dépression chronique, pour n’en citer que les plus courants. Cos tableaux cliniques font souvent état d’expériences adverses précoces. de traumatismes multiples et complexe, impliquant des styles d’attachement insécures, des troubles massifs de l’estime de soi. et une difficulté dans les relations interpersonnelles. La tolérance à l’affect est souvent très faible pour certaines émotions, comme la peur, la honte, ou la panique de perdre l’attachement, ainsi que le contrôle de l’impulsion.
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Les empreintes traumatiques précoces. Déceler les blessures préverbales, pour mieux accéder aux souvenirs sources d’Hélène Dellucci
L’article Les empreintes traumatiques précoces. Déceler les blessures préverbales, pour mieux accéder aux souvenirs sources, d’Hélène Dellucci a été publié dans l’ouvrage Trauma et résilience. Victimes et auteurs, dirigé par Roland Coutanceau, Joanna Smith, Samuel Lemitre, Collection : Psychothérapies, Dunod, 2012 – 480 pages – 152×240 mm, EAN13 : 9782100576548