Les différentes mesures du bien-être subjectif
Mis à jour le 30 septembre 2022
Un article Les différentes mesures du bien-être subjectif, de Jinan Zeidan, publié dans la revue Française d’économie, 2012/3 (Volume XXVII)
Depuis la fin des années 1990, on assiste à un intérêt renouvelé et croissant pour la mesure du bien-être subjectif de la part des économistes. Cette problématique s’est désormais imposée comme une question légitime en économie, comme en témoigne la profusion de livres et d’articles publiés dans des revues prestigieuses (Kahneman et Krueger [2006] ; Di Tella et MacCulloch [2006] ; Frey et Stutzer [2002b]). Ces travaux ont ainsi contribué à la naissance d’une nouvelle branche en économie, qui étudie le bien-être subjectif sous le nom d’« économie du bonheur ». Parmi les travaux proéminents, on trouve par exemple ceux de Frey et Stutzer [2002a] enquêtant sur les principaux déterminants du bien-être, ou encore ceux de Layard [2005] qui estime que le bonheur est un paradigme à partir duquel l’économie doit être repensée. C’est également dans ce cadre que l’OCDE a lancé son initiative « vivre mieux » où elle tente d’élaborer des lignes directrices à la mesure du bien-être subjectif afin d’améliorer les mesures de qualité de vie. Elle se base ainsi sur les préconisations du rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi [2009], qu’une place soit faite aux indicateurs subjectifs dans les mesures de progrès social. La mesure du bien-être subjectif fait l’objet de plusieurs approches. Chacune présente des avantages et des inconvénients. L’objet de cet article est de faire le tour d’horizon de ces approches.
Le recours aux appréciations subjectives répond au besoin d’avoir des mesures probantes du bien-être ressenti par les individus. Bien que les essais se soient multipliés, le bonheur [1][1] Dans ce texte, les termes bonheur, satisfaction de… demeure un état d’esprit qui ne peut être mesuré de façon objective comme on le fait pour la tension ou le poids. Tout d’abord, on ne peut pas évaluer le bonheur à l’aide d’indicateurs biochimiques, puisqu’aucune corrélation physiologique constante n’a été constatée. Ensuite, les théories qui assimilent le bonheur à une liste d’attributs comme la santé, le confort matériel, les enfants, etc. se heurtent à des problèmes de choix et de définition de critères à retenir. De plus, le bonheur est un état subjectif conscient qui ne peut être réduit à certains critères objectifs. De même, il est difficile d’inférer un niveau de satisfaction à partir d’un comportement observable. Enfin, les conduites non verbales telles que l’enthousiasme et le sourire apparaissent comme faiblement liées à l’auto-évaluation du bonheur. C’est aussi le cas de quelques caractéristiques sociales. Les individus ouverts, énergiques, amicaux peuvent être malheureux même si ces qualités caractérisent davantage les personnes heureuses.
Les premiers chercheurs en psychologie ont eu recours aux méthodes indirectes d’entrevue clinique, d’analyse qualitative des journaux personnels et de techniques projectives. Cependant, ces méthodes sont fastidieuses et des doutes existent quant à leur validité.
Tous ces éléments poussent les chercheurs à se baser sur les auto-évaluations du bonheur. La mesure subjective du bien-être traduit ainsi le constat selon lequel la personne la mieux placée pour juger de la qualité d’une vie est l’intéressé lui-même. Il s’agit donc d’une mesure directe appliquée à la personne concernée, qui est appelée à choisir et pondérer les différentes dimensions de sa vie selon une appréciation individuelle.
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