Les causes de la dépression
Mis à jour le 12 novembre 2015
La dépression, comme la plupart des maladies psychiques, ne provient pas d’un facteur unique. Elle résulte au contraire d’un ensemble de mécanismes de diverses natures, encore imparfaitement connus.
On distingue habituellement les « facteurs » biologiques, psychologiques et environnementaux (liés à l’environnement social ou familial). Certains de ces facteurs interviennent très en amont de la dépression, ils « préparent le terrain », on parle alors de facteurs de risque (ou facteurs de vulnérabilité). Par exemple, le fait d’avoir des parents qui ont souffert de dépression augmenterait le risque d’être touché par la maladie. De même, le fait de vivre des événements traumatisants ou des conflits parentaux importants pendant la petite enfance serait associés à un risque accru de dépression dans la suite de l’existence.
D’autres facteurs interviennent juste avant la dépression, ils la « déclenchent » : on parle alors de facteurs précipitants.
Les facteurs biologiques
La survenue des symptômes de la dépression est liée à une perturbation du fonctionnement cérébral. C’est bien le fonctionnement du cerveau qui est atteint, non sa structure. Cette distinction est importante car elle permet de bien comprendre que cette maladie peut être réversible.
Ce dysfonctionnement du cerveau se traduit notamment par des anomalies dans la fabrication, la transmission et la régulation de certaines substances chimiques : les neuromédiateurs (également appelés neurotransmetteurs).
Il est difficile de savoir à l’heure actuelle si ces anomalies sont la cause initiale ou bien la conséquence de la dépression. Quoi qu’il en soit, leur correction et la restauration du bon fonctionnement des neuromédiateurs sont indispensables. C’est la principale fonction des médicaments antidépresseurs. On sait aujourd’hui que la psychothérapie entraîne elle aussi ce type d’amélioration
Les facteurs psychologiques
Des mécanismes psychologiques particuliers sont également impliqués dans la dépression : sentiments de perte, conflits moraux, croyances négatives, mauvaise estime de soi (« Je ne peux rien faire de bon », « Je ne vaux rien »…).
Certains de ces mécanismes trouvent leur origine dans l’enfance (plus ou moins bonne qualité des premières relations avec les parents, premières expériences associées à un sentiment de perte, de solitude, d’impuissance, de culpabilité ou de honte…), d’autres peuvent être liés à des éléments plus actuels (traumatismes, deuils liés à la perte d’une personne, d’un idéal ou d’une image de soi).
Certains styles de comportements (sur les plans intellectuel, émotionnel, relationnel), ainsi que certains modes de défense psychologiques peuvent favoriser l’émergence et le maintien d’une dépression. Ainsi, certaines personnes souffrant de dépression expriment des croyances négatives (elles se croient par exemple « incapables » ou « indignes » de faire certaines choses…) ou n’envisagent que des perspectives pessimistes, à la fois pour le monde qui les entoure et pour elles-mêmes. Chez ces personnes, certains événements de la vie quotidienne, analysés sous leur angle le plus négatif, peuvent déclencher automatiquement des pensées dépressives, sans qu’il leur soit possible de faire appel à d’autres expériences plus positives.
C’est en agissant sur ces mécanismes psychologiques problématiques que la psychothérapie intervient sur la dépression.
Les facteurs liés à l’environnement social et familial
Certains événements de la vie très perturbants ou un stress excessif et permanent peuvent favoriser l’apparition d’une dépression. Par exemple, la mort d’un être cher, la perte d’un travail, une rupture affective, des conflits familiaux ou sociaux, une maladie…
En plus des facteurs précipitants et des facteurs de risque, la présence ou l’absence de facteurs de protection dans l’environnement de la personne peut aussi jouer un rôle. Par exemple, la présence de personnes proches réconfortantes et valorisantes ou l’engagement dans des activités personnelles intéressantes peuvent protéger de la dépression ou favoriser la guérison. À l’inverse, l’absence de ces facteurs peut faciliter l’apparition (ou la réapparition) de la dépression.
Période de fragilité
Il existe plusieurs périodes de fragilité :
- La dépression chez les adolescents et les jeunes adultes
Un rapport de l’OMS sur la santé des adolescents dans le monde, révèle que la dépression est la principale cause de maladie et de handicap chez les garçons et les filles de 10 à 19 ans, tandis que le suicide est la troisième cause de décès
Entre 4 et 6 % des adolescents soufrent de dépression soit environ un adolescent sur 20. Elle touche deux fois plus les filles que les garçons et peut être un mode d’entrée dans la maladie bipolaire… C’est une source de handicap social important avec un risque de récurrence de 40% à deux ans
- La dépression périnatale
Selon le rapport présenté au congrès Urgence 2014 de la Société Française de la Société Française de Médecine d’Urgence Les troubles psychiatriques du péri et du post-partum (C. Massoubre, E. Desfonds, M. Bendjeddou), la grossesse et le post-partum sont des périodes de vulnérabilité psychique.
Mal dépistée et par conséquent sous-estimée en France, la dépression, qu’il faut savoir différencier du baby blues, surviendrait pourtant chez 10 à 15% des femmes après l’accouchement, rappelle le Professeur Catherine Massoubre et 60% d’entre elles vivent alors leur premier épisode dépressif.
La dépression postnatale maternelle est bien plus fréquente encore lorsque les femmes sont peu entourées ou confrontées à une certaine adversité. Elle débute souvent dans les 4 semaines après l’accouchement.
- La dépression des seniors
La dépression est très fréquente mais souvent sous-évaluée chez les personnes âgées. Elle doit être distinguée du vieillissement normal, peut être confondue à tort avec d’autres pathologies et est souvent associée à des problèmes somatiques qui compliquent le diagnostic.
Selon le baromètre santé 2010 de l’INPES, 18% des 55-85 ans sont en état de souffrance psychologique et 8% des femmes de 55- 64 ans sont concernées par des épisodes dépressifs caractérisés. Or les conséquences de cette prise en charge non optimale de la dépression sont graves, avec chaque année, 1 700 morts par suicide chez les plus de 75 ans.
Un article de Nathalie Malardier, psychologue, praticien EMDR.
Bibliothèque
- Rapport de l’OMS sur la santé des adolescents dans le monde
- Congrès Urgence 2014 de la Société Française de la Société Française de Médecine d’Urgence Les troubles psychiatriques du péri et du post-partum (C. Massoubre, E. Desfonds, M. Bendjeddou
- Baromètre santé 2010 de l’INPES