L’EMDR est-il efficace pour les phobies, le trouble panique, l’agoraphobie ?
Mis à jour le 10 octobre 2022
Il existe beaucoup d’informations anecdotiques montrant que la thérapie EMDR est efficace dans le traitement des phobies spécifiques. Malheureusement, la recherche qui a étudié le traitement de phobies, du trouble panique ou de l’agoraphobie avec l’EMDR n’a pas pu établir à ce jour de démonstration empirique pour ces applications. Cela peut s’expliquer par des limitations méthodologiques. Il est également possible que l’EMDR ne soit pas efficace systématiquement pour ces troubles. De Jongh, Ten Broeke, et Renssen (1999) suggèrent que, puisque l’EMDR est un traitement pour des souvenirs pénibles et des pathologies associées, il peut être plus efficace dans le traitement des troubles anxieux qui suivent une expérience traumatique (par exemple, la phobie du chien après une morsure de chien), et moins efficace pour ceux d’apparition inconnue (par exemple, le phobie de serpent).
Plusieurs essais cliniques randomisés évaluant le traitement EMDR de la phobie des araignées (Muris & Merckelbach, 1997; Muris, Merckelbach, van Haaften, & Nayer, 1997; Muris, Merkelbach, Holdrinet, & Sijsenaar, 1998) ont indiqué que la thérapie EMDR était moins efficace que le traitement par l’exposition in vivo pour traiter la phobie. Mais ces études ont des limites méthodologiques : utilisation d’un protocole EMDR incomplet (voir Shapiro, 1999), confusion des effets, en utilisant le protocole de traitement de l’exposition comme l’évaluation post-traitement. Lorsque le protocole EMDR complet pour la phobie a été utilisé dans les études de cas concernant des personnes souffrant de phobies médicales et dentaires (De Jongh et al., 1999; De Jongh, van den Oord, & Ten Broeke, 2002), de bons résultats ont été obtenus. Un essai contrôlé randomisé (Doering et al., 2013) a indiqué que trois séances d’ l’EMDR ont abouti à la rémission de la phobie dentaire. « Après 1 an, 83,3% des patients étaient en traitement dentaire régulière (d = 3,20). »
L’utilité clinique est une considération importante dans le choix du traitement. L’application de l’exposition in vivo peut être difficile pour les cliniciens qui ne possèdent pas un accès facile à des objets redoutés (par exemple, les araignées) dans leurs bureaux; certaines phobies sont limitées à des événements spécifiques (par exemple, les orages) ou des lieux (par exemple, ponts). L’EMDR peut être un traitement plus pratique que l’exposition in vivo, et l’aspect in vivo peut souvent être ajouté comme devoirs à effectuer à la maison (De Jongh et al., 1999).
Trois études qui se sont penchées sur le traitement EMDR du trouble panique avec / sans agoraphobie. Les deux premières études étaient préliminaires (Feske & Goldstein, 1997; Goldstein & Feske, 1994), avec une durée courte (six séances), sur des patients souffrant du trouble panique. Les résultats étaient prometteurs, mais limitées par la durée courte du traitement. Feske et Goldstein écrivent : « Même 10 à 16 séances de traitements les plus puissantes donnent rarement lieu à une normalisation des symptômes de panique, surtout lorsque ceux-ci sont compliquées par l’agoraphobie » (p. 1034). Les effets de la thérapie EMDR sont en général maintenus lors du suivi. Une troisième étude (Goldstein et al., 2000) a été menée pour évaluer les avantages d’un traitement plus longue. Cette étude portait sur une population différente : les patients agoraphobes. Les participants souffrant de trouble panique avec agoraphobie ne répondent pas bien à l’EMDR. Goldstein (cité dans Shapiro, 2001) suggère que ces participants avaient besoin d’une préparation plus longue, que ce qui était prévu dans l’étude, et de développer une tolérance à l’anxiété. Les auteurs suggèrent que l’EMDR peut ne pas être aussi efficace que la TCC dans le traitement du trouble panique avec / sans agoraphobie. Cependant aucune étude de comparaison directe n’a encore été menée.
Traduction du site de l’EMDR institute de Francine Shapiro – version originale : http://www.emdr.com/frequent-questions/