L’EMDR de groupe au service des victimes de traumatismes psychiques
Mis à jour le 3 mai 2024
Un article de Anne-Gaëlle Moulun, publié dans Medscape.
Article publié en français – accès libre en ligne
La thérapie EMDR, ou Eye movement desensitization and reprocessing, est une approche thérapeutique mise au point par l’américaine Francine Shapiro à la fin des années 1980.
Elle vise à traiter les conséquences d’un traumatisme psychique en demandant au patient de se rappeler le souvenir traumatisant tandis que des stimulations sensorielles bilatérales alternées sont effectuées.
« Grâce à des saccades oculaires, le cerveau remanie les informations qu’il a stockées de manière non traitées en englobant les émotions et un impact traumatique, afin de les traiter en séance et en sécurité avec le thérapeute et de les stocker correctement », explique à Medscape édition française Nicolas Desbiendras, psychologue clinicien à Toulouse, praticien et superviseur EMDR.
« D’après mon expérience, pour 70 à 80 % des personnes, les protocoles de groupes seront suffisants » Nicolas Desbiendras
Développement de l’EMDR de groupe
« Les domaines validés pour l’EMDR actuellement sont les troubles de stress post-traumatique. D’autres recherches sont en cours sur les troubles anxieux, les symptômes dépressifs, les phobies, les TOC ou encore la douleur. Cette thérapie est reconnue dans les troubles de stress post-traumatique par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et en France par la Haute autorité de santé (HAS) », ajoute-t-il.
En EMDR, des protocoles de groupe existent depuis 1998. Le premier a été créé en réponse au passage d’un ouragan sur la côte ouest du Mexique en 1997 et repose sur des stimulations bilatérales, rapides et alternées au niveau des épaules ou des genoux, appelées « butterfly-hug » (« câlin-papillon »).
« Même si un travail individualisé est probablement meilleur, il y a un intérêt certain à un travail en groupe lorsqu’il y a peu de thérapeutes et beaucoup de victimes. D’après mon expérience, pour 70 à 80 % des personnes, les protocoles de groupes seront suffisants », souligne Nicolas Desbiendras.
Plus d’une soixantaine de recherches scientifiques ont été menées pour déterminer l’efficacité de ces séances [1]et des méta-analyses ont été publiées[2,3]. « Les protocoles de groupe sont très utilisés aux États-Unis et en Israël.
En France, nous sommes 1800 praticiens EMDR et depuis plus de 10 ans j’ai formé beaucoup de praticiens au travail en groupe, même si tout le monde n’applique pas ces protocoles », poursuit-il.
« Il existe deux protocoles très sourcées : l’IGTP: Integrative groupe treatment protocol, de Ignacio Jarero et le G-TEP: Group treatment episode protocol, de Elan Shapiro ».
L’EMDR de groupe efficace sur les traumatismes complexes anciens
Le G-TEP a été retenu par le centre régional du psychotraumatisme (CRP) des Hospices civils de Lyon, pour s’intégrer au parcours de soin proposé aux femmes victimes de violences et aux personnes victimes de traumatismes liés à l’exil. (…)
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