La fatigue décisionnelle peut nuire à vos patients et à vous en tant que thérapeute
Mis à jour le 21 novembre 2024
Un article de Richard Worthing-Davies, publié dans EMDR Gateway
Article publié en anglais – accès libre en ligne
Résumé
Au cours d’une heure de thérapie, un thérapeute EMDR peut prendre des dizaines de décisions. Elles incluent ce qu’il faut cibler, la pertinence des cognitions, le type de SBA à utiliser, la possibilité de devoir prendre des mesures pour éviter le débordement et la dissociation du patient, et bien d’autres encore.
La qualité de la prise de décision du thérapeute est cruciale à deux égards : tout d’abord, le bien-être du patient en dépend ; ensuite, pour le thérapeute, une mauvaise prise de décision peut entraîner de graves dommages en termes de réputation et de finances. Cela m’amène à parler d’un problème réel que je n’ai jamais vu mentionné dans les cercles EMDR – la réalité de la fatigue décisionnelle, récemment mise en lumière par une recherche inhabituelle publiée dans la Royal Society Open Finance.
Les chercheurs ont écrit que la fatigue décisionnelle « implique typiquement une tendance à revenir à l’option “par défaut”, à savoir le choix qui implique relativement peu d’effort mental ». En d’autres termes, lorsque vous êtes fatigué, vous pouvez devenir mentalement paresseux. L’étude a consisté à examiner les décisions de crédit prises par les agents de crédit d’une grande banque au cours d’une journée de travail. Les agents commençaient généralement leur travail entre 8 et 10 heures, déjeunaient entre 13 et 15 heures et quittaient leur poste à 18 heures. La décision « par défaut » consistait à rejeter la demande de prêt dans 60 % des cas. Il s’est avéré que la position par défaut, c’est-à-dire le rejet, a augmenté entre 11 heures et 14 heures, à l’approche du déjeuner, et de nouveau au cours des deux dernières heures de la journée. Ils ont conclu que la fatigue décisionnelle, en provoquant plus de rejets que justifié, a coûté à la banque des centaines de milliers de livres sterling en un seul mois. L’article de l’Economist consacré à cette recherche souligne que des schémas similaires ont été observés dans d’autres situations. Les médecins, par exemple, sont plus enclins à prescrire des antibiotiques au cours de leur service, même si cela n’est pas nécessaire.
L’activité mentale peut entraîner un épuisement physique, comme tout thérapeute peut en témoigner après une journée de travail à voir des patients toutes les heures avec de courts intervalles. Le risque de mauvaise prise de décision est susceptible de suivre le même schéma que celui décrit dans la recherche ci-dessus. Travailler dur pendant de longues périodes peut entraîner une vision étroite. L’une des solutions consiste à faire des pauses pour contrer ce phénomène et stimuler la créativité. Faire une pause en quittant le lieu de travail, ne serait-ce que pour une tasse de thé, est peut-être le seul moyen pratique dont disposent de nombreux travailleurs pour recharger leurs batteries mentales. L’un des avantages du travail à domicile en raison de la pandémie est la possibilité de faire des pauses au moment de son choix. Les pauses ne sont pas une perte de temps, mais une condition essentielle pour maintenir la qualité des décisions au cours d’une journée de thérapie.
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