Faisabilité et acceptabilité de l’EMDR pour améliorer la santé mentale des survivants traumatisés des soins intensifs après leur sortie de l'hôpital

 Faisabilité et acceptabilité de l’EMDR pour améliorer la santé mentale des survivants traumatisés des soins intensifs après leur sortie de l’hôpital

Mis à jour le 21 septembre 2024

Une étude randomisée à méthodes mixtes et un protocole de Bates, A., Golding, H., Rushbrook, S., Highfield, J., Pattison, N., Baldwin, D., Grocott, M. P. W., & Cusack, R., publié dans BMJ Open

Article publié en anglais – accès libre en ligne

Résumé

INTRODUCTION 

Les symptômes post-traumatiques sont fréquents chez les patients qui sortent des unités de soins intensifs (USI), affectant négativement leur bien-être, augmentant l’utilisation des soins de santé et retardant le retour au travail. 

Des approches non pharmacologiques (par exemple, la musique, le toucher thérapeutique et les journaux des patients) ont été proposées comme interventions possibles et des interventions psychologiques axées sur les traumatismes ont été approuvées par des organismes internationaux. Aucune des deux catégories d’intervention n’est étayée par des preuves définitives d’efficacité clinique à long terme chez les patients ayant subi une maladie grave. 

Cette étude évalue la faisabilité et l’acceptabilité de l’utilisation de la désensibilisation et du retraitement par mouvements oculaires (EMDR) pour améliorer la santé mentale des survivants de l’unité de soins intensifs.

MÉTHODES ET ANALYSE 

EMERALD est une étude pilote de faisabilité multicentrique, en deux parties et avec consentement, qui recrute des survivants d’unités de soins intensifs dans trois hôpitaux du Royaume-Uni. 

Nous recueillons des données démographiques et mesurons les symptômes post-traumatiques, l’anxiété, la dépression et la qualité de vie au début de l’étude. 

Deux mois après leur sortie, les participants sont soumis à un dépistage des troubles de stress post-traumatique (TSPT) à l’aide de l’échelle IES-R (Impact of Events Scale-Revised). 

Les patients dont les scores IES-R sont inférieurs à 22 sont maintenus dans un groupe d’observation pour un suivi de 12 mois. 

Les scores IES-R≥22 indiquent des symptômes de stress post-traumatique supérieurs au seuil et déclenchent une invitation à consentir à la partie B : un essai contrôlé randomisé (ECR) de l’EMDR par rapport aux soins habituels, avec une randomisation 1:1. 

L’étude évalue la faisabilité (recrutement, rétention et fidélité de l’intervention) et l’acceptabilité (par le biais d’entretiens semi-structurés), en utilisant un cadre théorique d’acceptabilité. 

Les résultats cliniques (TSPT, anxiété, dépression et qualité de vie) sont recueillis au début de l’étude, après 2 et 12 mois, afin d’éclairer les calculs de puissance pour un essai clinique randomisé définitif, la convergence des données quantitatives et qualitatives guidant l’affinement de l’essai clinique randomisé. 

Discussion 

L’étude EMERALD représente la deuxième phase de notre exploration innovante visant à déterminer si l’EMDR peut soulager la détresse psychologique après la sortie de l’unité de soins intensifs. Notre approche mixte, conforme aux recommandations du MRC pour l’évaluation des interventions de santé complexes, renforce la robustesse de l’étude.41 Elle nous permet de prendre en compte des facteurs culturels et contextuels souvent ignorés dans les études purement quantitatives, améliorant ainsi la fiabilité de nos résultats et informant la conception de notre prochain essai clinique randomisé définitif.

En nous appuyant sur les leçons tirées de notre étude précédente, CovEMERALD,28 nous avons intégré un dépistage de la détresse psychologique avant l’entrée dans l’essai contrôlé randomisé, conformément aux recommandations récentes. L’adoption d’un dépistage du TSPT deux mois après la sortie de l’hôpital est conforme à la fois à la réadaptation en unité de soins intensifs46 et aux directives de traitement du TSPT. En outre, les participants ont la possibilité de choisir une intervention en face à face ou en ligne, sans remettre en cause leurs vulnérabilités physiques ou psychologiques.

L’un des aspects remarquables de ce projet est la collaboration étroite entre les universitaires cliniciens spécialisés dans les soins intensifs, la psychiatrie et la psychologie, soutenue par nos représentants des patients, des personnes ayant une expérience vécue précieuse.

Il est important d’interpréter les résultats cliniques de cette étude avec prudence, car elle n’a pas la puissance nécessaire pour détecter des différences cliniquement significatives entre les groupes. Néanmoins, ces résultats éclaireront les futurs calculs de puissance pour l’essai clinique 

En savoir plus 

Références de l’article Faisabilité et acceptabilité de l’EMDR pour améliorer la santé mentale des survivants traumatisés des soins intensifs après leur sortie de l’hôpital :

  • auteurs : Bates, A., Golding, H., Rushbrook, S., Highfield, J., Pattison, N., Baldwin, D., Grocott, M. P. W., & Cusack, R. 
  • titre en anglais : Mixed-methods randomised study exploring the feasibility and acceptability of eye-movement desensitisation and reprocessing for improving the mental health of traumatised survivors of intensive care following hospital discharge: protocol
  • publié dans : MJ Open, 14(1), e081969.

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