EMDR et TCC dans le traitement du trouble panique
Mis à jour le 14 octobre 2022
Un article d’Elisa Faretta sur le thème « EMDR et TCC dans le traitement du trouble panique : une comparaison », publié dans le Journal of EMDR Practice and Research, de mai 2014, volume 8, number 2.
Résumé
Cette étude pilote a comparé deux traitements du trouble panique, l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) et la thérapie cognitive comportementale (TCC). Le traitement était offert dans le cadre de la pratique libérale de 7 thérapeutes accrédités dont la fidélité au traitement était contrôlée tout au long de l’étude. Cinq outils d’évaluation ont été administrés lors du prétraitement, du post-traitement et du suivi après un an. Les participants des deux groupes ont montré une amélioration significative (n = 19) après 12 séances de traitement. Aucune différence significative n’a été observée entre les deux thérapies, à part une fréquence plus faible des attaques de panique rapportée par les participants du groupe EMDR. L’étude actuelle a analysé à nouveau les données rapportées précédemment dans Faretta (2012). Des recherches supplémentaires sont suggérées dans ce domaine.
Introduction
Le trouble panique (TP ; Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, quatrième édition, texte révisé [DSM-IV-TR]; American Psychiatric Association [APA], 2000) est basé sur des états anxieux sévères récurrents suivis de préoccupations concernant leur réapparition possible (“anxiété anticipatrice”). Les attaques de panique se produisent généralement après une période de vie hautement stressante, souvent en lien avec la maladie vécue directement ou la maladie ou un décès chez un membre de sa famille, ainsi qu’avec des séparations ou d’autres difficultés relationnelles interpersonnelles (Gordeev, 2008 ; Markowitz, Weissman, Ouellette, Lish & Klerman, 1989). Le TP peut être accompagné ou non d’agoraphobie (TPA), la peur de se trouver dans des lieux ou des situations dont on peut difficilement s’échapper ou qui sont gênants. La personne agoraphobe évite de nombreuses situations et limite ainsi sa vie sociale et professionnelle.
Le traitement du trouble panique
Traditionnellement, les traitements du TP, avec ou sans agoraphobie, ont consisté en des approches pharmacologiques et de thérapie cognitive comportementale (TCC), les deux étant considérées comme efficaces (Sturpe & Weissman, 2002). Selon les recommandations NICE (National Institute of Health and Clinical Excellence) de 2007, le traitement le plus efficace du TP est la TCC, avec une diminution significative des symptômes lors du post-traitement et le maintien du succès lors du suivi après 6 mois (Galassi, Quercioli, Charismas, Niccolai & Barciulli, 2007). De plus, une rémission totale des symptômes a été rapportée dans 75% des cas après 12 séances de traitement, avec une meilleure efficacité de la TCC par rapport au traitement pharmacologique à long terme avec l’anxiolytique Alprazolam (Kahn, van Praag, Wetzler, Asnis & Barr, 1988 ; Ost, Thulin & Ramnerö, 2004).
Certaines études (Gould, Otto & Pollack, 1995 ; Otto & Whittal, 1995) ont montré que le traitement TCC relativement “court” (12 séances) peut réduire totalement les symptômes dans 75% des cas et que les résultats obtenus sont meilleurs chez les patients ayant recours à la TCC que chez ceux recevant un traitement pharmacologique à long terme. Les résultats obtenus dans une étude de 76 patients présentant un TP, avec ou sans agoraphobie, ont montré qu’une combinaison de techniques cognitives (psychoéducation, restructuration cognitive et résolution de problèmes) et de méthodes comportementales (exposition intéroceptive et in vivo) était efficace dans la rémission des symptômes aigus et le maintien du succès 6 mois après le traitement (Galassi et al., 2007). Toutefois, Leeds (2012), dans son analyse des faiblesses et limites de l’approche TCC du TPA, apporte des preuves selon lesquelles certains médicaments pourraient être associés à des résultats plus médiocres lorsque combinés avec la TCC.
La recherche sur le TP est un peu désordonnée. Une méta-analyse récente (Sánchez-Meca, Rosa-Alcázar, Marín-Martínez & Gómez-Conesa, 2010) a montré que les preuves les plus cohérentes dans le traitement du TP soutenaient une combinaison d’exposition, d’entraînement à la relaxation et la rééducation de la respiration. Craske et ses collègues (2002) ont montré
que l’exposition in vivo réduisait les attaques de panique. De manière similaire, Clark et ses collègues (1999) ont rapporté que le traitement basé sur le contrôle de la respiration réduisait les attaques de panique, tandis qu’une étude plus récente (Deacon et al., 2012) a montré que l’ajout de la réévaluation cognitive (RC) (cognitive reappraisal) et de la respiration diaphragmatique (RD) n’améliorait pas les bénéfices de l’exposition intéroceptive (EI), et une analyse de Meuret, Wilhelm, Ritz et Roth (2003) arguait que les études sur la rééducation de la respiration échouaient à fournir une évaluation claire des apports positifs de telles techniques. Le maintien à long terme des effets thérapeutiques de la TCC fait encore l’objet de doutes (Barlow, Gorman, Shear & Woods, 2000 ; Svanborg, Wistedt & Svanborg, 2008).
La conceptualisation de la panique par l’approche TCC
Selon le modèle TCC, les attaques de panique se développent à partir d’une mauvaise interprétation de symptômes corporels et d’une dramatisation associée (Hofmann et al., 2007 ; Rovetto, 2003). Dans ce modèle, le concept clé pour comprendre le trouble panique correspond à l’attribution de conséquences terribles à des sensations corporelles, plutôt que les sensations elles-mêmes. Les vertiges et la tachycardie peuvent s’interpréter, par exemple, comme une crise cardiaque imminente ; théoriquement, ces pensées augmentent la perception du malaise physique, confirmant l’impression d’un danger qui se prépare et générant ainsi des interprétations catastrophiques (“je suis en train de mourir”) et une anxiété accrue dans une spirale d’événements. Ce modèle du “cercle vicieux” considère en particulier que l’attaque de panique est le résultat d’une série d’événements qui se succèdent de manière circulaire (Barlow, 1988 ; Clark et al., 1999). Il est important de noter que ce modèle suggère que la modification de ce parti pris cognitif est essentielle à la réduction des symptômes. D’autres facteurs sont également importants dans la prédiction de la diminution des symptômes de panique (e.g., des pensées sur la probabilité d’avoir une attaque de panique à l’avenir ; Cho, Smits, Powers & Telch, 2007). (…) lire la suite de l’article en français
Télécharger et lire cet article en français
Télécharger cet article EMDR et TCC dans le traitement du trouble panique gratuitement sur le site du Journal of emdr pratice and research
Références
Publisher : Springer Publishing Company
Le Journal of EMDR Practice and Research est une publication trimestrielle consacrée à l’EMDR. C’est une revue interdisciplinaire qui stimule et communique autour de la recherche et de la théorie sur l’EMDR, et leur application clinique qui propose notamment des articles sur les recherches en EMDR, des cas cliniques, des articles résumant l’ensemble des recherches effectuées dans un domaine particulier, des avis théoriques…
Le Journal of EMDR Practice and Research est la publication officielle de EMDR International Association – www.emdria.org.