EMDR : cette thérapie que gagneraient à suivre tous ceux qui ont été traumatisés par les attentats terroristes
Mis à jour le 30 septembre 2022
Un article EMDR : cette thérapie que gagneraient à suivre tous ceux qui ont été traumatisés par les attentats terroristes, publié par Atlantico
Conçu en 1987 aux États-Unis par Francine Shapiro pour guérir les traumatismes psychiques, l’EMDR permet également de soigner efficacement d’autres problématiques névrotiques, comme les phobies, les angoisses, les états dépressifs… L’efficacité de cette méthode, importée en France en 1994, a pu être vérifiée aussitôt en cabinet et en milieu hospitalier. Extrait de « EMDR-Une révolution thérapeutique », de Jacques Roques, publié aux éditions Desclée de Brouwer (2/2).
L’introduction de l’EMDR dans le champ des psychothérapies est sans aucun doute l’événement le plus déconcertant – et peut-être le plus significatif – depuis l’avènement de la psychanalyse il y a cent ans.
Déconcertant parce qu’il est presque impossible, pour un thérapeute formé de façon classique, d’accepter l’idée que faire bouger les yeux à un patient qui évoque les scènes les plus douloureuses d’un viol qu’il a vécu – ou de la mort de son fils – puisse soulager sa douleur de quelque manière que ce soit.
L’idée elle-même semble saugrenue, voire contraire à l’éthique professionnelle de quelqu’un dont le devoir est de soigner, par les moyens les plus appropriés et reconnus. Et pourtant, il existe désormais pas moins de seize études contrôlées démontrant l’efficacité de l’EMDR dans le traitement des états de stress post-traumatique, y compris les deuils traumatiques. Sur la base de quatre méta-analyses (études d’études), de nombreux organismes officiels qui publient des recommandations sur les traitements validés scientifiquement encouragent désormais l’utilisation de l’EMDR pour ces pathologies. Cela inclut l’INSERM en France, mais aussi des commissions du ministère de la Santé au Royaume-Uni, en Israël, en Irlande du Nord, en Hollande ou aux États-Unis 1. [Il faut ajouter aujourd’hui à la liste présentée par David Servan-Schreiber la Haute Autorité de la Santé 2 et l’OMS.]
Déconcertant aussi, parce que les phénomènes cliniques que décrivent les thérapeutes qui pratiquent l’EMDR sont à la fois extrêmement familiers et parfaitement incongrus. On parle de travail de deuil accompli, de résolution des souvenirs traumatiques, d’intégration d’aspects positifs du moi. Tout cela est familier à quiconque a pratiqué la psychothérapie. Mais en EMDR, ces phénomènes s’observent non seulement au fil des semaines ou des mois, mais souvent à l’intérieur même d’une seule séance (de quatre-vingt dix minutes, il est vrai).
Déconcertant enfin parce que, malgré l’abondance de preuves en ce qui concerne l’efficacité du traitement EMDR, ses mécanismes d’action restent mal compris. De multiples hypothèses continuent d’être évoquées, allant de la stimulation des mécanismes de réorganisation de la mémoire et des souvenirs épisodiques qui accompagnent le sommeil des rêves (le sommeil paradoxal), à la stimulation d’une réponse dite » d’orientation » ou d’un état d’expérience consciente dédoublée comparable à celui de la méditation.
Mais c’est aussi parce que l’EMDR nous déconcerte que cette nouvelle thérapie nous oblige à reconsidérer tout ce que nous pensions savoir sur les processus de guérison en psychothérapie, et qu’elle nous ouvre un champ nouveau et vaste sur la compréhension du cerveau, de la douleur psychique, et surtout du potentiel de guérison qui existe en chacun de nous. C’est en cela que le développement de l’EMDR est si significatif pour le champ des psychothérapies.
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