documentaire sur les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement
Mis à jour le 30 septembre 2022
12 jours, documentaire sur les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement, de Raymond Depardon, a été sélectionné dans le cadre du 14e festival Cinéma et santé, Atmosphère 53, (22 au 30 janvier dans 4 cinémas de Nord-Mayenne
C’est l’occasion de (re)parler de ce document sorti en salle depuis le 29 novembre 2017, nominé au festival de Cannes 2017 et au festival du Film de Sarlat 2017.
Comme il l’a souvent fait, le cinéaste s’installe au cœur d’un dispositif. Avec ce talent très particulier pour devenir quasi-invisible, il enregistre ce qui s’y joue.
Chaque année, il y a en France environ 92000 mesures d’hospitalisations psychiatriques sans consentement (soit 250 personnes par jour).
Depuis 2013, les établissements disposent de douze jours pour présenter les patients internés sous contrainte à un juge des libertés et de la détention, qui doit statuer sur le prolongement de leur internement ou sur leur remise en liberté. Cette décision est prise dans le cadre d’une audience entre juge et patient, ce dernier étant accompagné d’un avocat et pouvant ensuite se pourvoir en appel.
Ce sont ces entretiens que Depardon a obtenu l’autorisation de filmer, à l’hôpital du Vinatier, à Lyon.
Au cours de ces audiences, qui ont lieu deux fois par semaine, l’hôpital du Vinatier à Lyon reçoit des patients qui proviennent majoritairement des différents services d’hospitalisation et d’une unité pour les malades difficiles (U.M.D) jugés irresponsables de leurs actes. Ces audiences publiques sont partagées par quatre juges des libertés qui président tour à tour. Deux hommes et deux femmes avec des approches sensiblement différentes. Pour permettre au malade de parler librement des conditions d’hospitalisation, le psychiatre en charge du patient n’est pas présent à l’audience.
Se succèdent, devant la caméra, dix personnes en situation de grande fragilité (parmi les 72 que le cinéaste a pu suivre), souffrant de dépression, de pulsions suicidaires, de dissociation ou de schizophrénie paranoïde, qui ont tenu à témoigner avec dignité et sensibilité.
« Je ne voulais pas un film trop violent » : on y trouve aussi des « gens normaux » qui ont sombré, « des gens qui ont fait des burn-out, des dépressions (…), des choses très simples », décrivait le cinéaste. « Ils s’expriment incroyablement bien, ils sont tout à fait conscients », (…) « ce qu’il faut, c’est les considérer. Et là, quand ils s’assoient (face au juge), ils sont considérés ».