Dissociation structurelle de la personnalité et trauma
Mis à jour le 30 septembre 2022
Un article dissociation structurelle de la personnalité et trauma, de Ellert Nijenhuis, Onno van der hart, Kathy Steel, Erik de Soir, Helga Matthess, publié dans stress et trauma, 2006, 6(3) : 125-139
RÉSUMÉ
Dans cet article, nous explorons les caractéristiques centrales de la dissociation chez les sujets traumatisés. Dans leur symptomatologie, des phases de réexpérience ou de reviviscence des traumatismes alternent avec des phases de détachement ou même de relative inconscience de ces traumatismes et de leurs effets. Nous voulons offrir une vue novatrice sur les troubles liés à la traumatisation psychique et proposer le modèle de la dissociation structurelle de la personnalité, en une « partie émotionnelle de la personnalité » (PEP) et une « partie apparemment normale de la personnalité » (PANP), comme une tentative d’intégration des syndromes post-traumatiques et des troubles dissocia-tifs en lien avec l’évolution et le traumatisme. Nous étudierons également les facteurs qui participent au maintien de cette division. L’état de stress post-traumatique (ESPT) sera expliqué comme une forme primaire de dissociation traumatique. Dans ce même contexte, nous explorerons aussi la complexité croissante de la dissociation structurelle dans ses formes secondaire et tertiaire. Formes qui sont susceptibles d’apparaître lorsque le traumatisme comporte une dimension chronique de violence interpersonnelle et de négligence, et en particulier quand les victimes sont des enfants et que les auteurs de ces maltraitantes sont les parents ou les figures parentales de remplacement.
MOTS-CLÉS dissociation structurelle, personnalité, traumatisme psychique, ESPT.
De nombreux individus traumatisés alternent entre des phases de ré-expérience ou de reviviscence de leur traumatisme et des phases de détachement ou même de relative inconscience de leur traumatisme et de ses effets (1’2). Ce schéma alterné a déjà été mis en évidence il y a plus d’un siècle (3-6) et il peut être considéré comme la caractéristique centrale de l’état de stress post-traumatique (ESPT) ou post-traumatic stress disorder (PTSD) (1), du trouble de stress extrême (7), et de nombreux cas de troubles dissociatifs liés à des traumatismes (2′ 8′ 9). Dans le cas de l’ESPT avec survenue différée, ce schéma débute après une longue période de fonctionnement relativement bon. Un petit rrnbre d’individus traumatisés développe une amnésie dissociative dans le cadre d’un trouble qui implique des lacunes dans le rappel de souvenirs liés au traumatisme, ou de parties de leur vie antérieure, ou même de la totalité de celle-ci (10). Ces patients restent amnésiques sur une longue période de temps. Le rappel final du traumatisme peut résoudre le trouble, mais, dans certains cas, un schéma d’alternance entre des phases d’amnésie et de reviviscence du traumatisme se développe (10). On pourrait apriori être tenté de conceptualiser le détache-nient psychique du traumatisme et la reviviscence de celui-ci comme des états mentaux. Cependant, une observation plus fine laisse apparaître que dans les deux cas, toute une gamme d’états est présente et non pas un seul état. Par exemple, le fait d’être détaché du traumatisme n’exclut pas en soi le fait d’être joyeux, honteux, excité sexuelle-ment, ou curieux, selon les moments. La réexpérience du traumatisme peut aussi regrouper des états comme la fuite, le combat, l’immobilisation, la souffrance ou l’anesthésie. Dans cet article, nous mettrons en relation le détachement et la reviviscence du traumatisme avec ce que nous appelons des « systèmes opératoires émotionnels » (11), « systèmes émotionnels » (12-15) ou, comme nous les avons appelés, « systèmes d’action » (9). Les systèmes d’action contrôlent tout un ensemble de fonctions plus ou moins complexes. Refaire l’expérience du traumatisme sera associé à un « système de défense » inné et dérivé de l’évolution, stimulé lors d’une menace importante, en particulier lors d’une menace de l’intégrité physique (appelée souvent la menace vitale). Comme il s’agit d’un système complexe, il com-prend divers sous-systèmes, comme la fuite, le combat, et l’immobilisation. Selon nous, le processus de détachement par rapport au traumatisme est associé à plusieurs systèmes d’action qui contrôlent, d’une part, les fonctions de la vie courante (exemple : exploration de l’environnement, contrôle de l’énergie) et, d’autre part, celles qui sont con-sacrées à la survie de l’espèce (exemple : la reproduction, l’attachement à la progéniture).
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