Diminution de la dysrégulation émotionnelle après une thérapie 3MDR
Mis à jour le 5 juillet 2023
Diminution de la dysrégulation émotionnelle après une thérapie de désensibilisation et de reconsolidation de la mémoire assistée par le mouvement multimodal (3MDR) : Identification des facteurs moteurs possibles dans la remédiation du TSPT résistant au traitement, un article de Tang, E., Jones, C., Smith-MacDonald, L., Brown, M. R. G., Vermetten, E. H. G. J. M., & Brémault-Phillips, S., publié dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health
Article publié en anglais – accès libre en ligne
Résumé
La thérapie de désensibilisation et de reconsolidation de la mémoire assistée par le mouvement multimodal (3MDR), une intervention interactive, assistée par la réalité virtuelle et basée sur l’exposition pour le TSPT, a montré des résultats prometteurspour le trouble de stress post-traumatique résistant au traitement (TSPT) chez les membres des forces armées (MM) et les anciens combattants dans des essais contrôlés randomisés (ECR).
Des recherches antérieures ont suggéré que la régulation émotionnelle (RE) et la dysrégulation émotionnelle (DE) pourraient être des facteurs corrélés à la gravité des symptômes et au maintien du TSPT.
Cette étude pilote à méthodes mixtes intégrées (n = 9) visait à explorer l’impact de la 3MDR sur la régulation émotionnelle et la dysrégulation émotionnelle chez les MM et les vétérans.
Les données de l’échelle des difficultés de régulation émotionnelle (DERS-18) ont été recueillies au départ, avant chaque séance, et une semaine, un mois et trois mois après l’intervention, puis analysées.
Les données qualitatives recueillies lors des séances, des comptes rendus et des entretiens de suivi ont été transcrites et analysées de manière descriptive.
Les résultats ont montré des diminutions statistiquement significatives des scores DERS-18 entre la pré-intervention et la post-intervention à chaque point dans le temps.
Sur le plan qualitatif, les participants ont perçu des améliorations de l’IE dans des domaines précis du DERS-18.
Nous décrivons comment l’approche unique et novatrice du 3MDR aborde la DE par la stimulation cognitivo-motrice, la narration, la pensée divergente, la réévaluation des stimuli aversifs, le traitement en double tâche et la reconsolidation des souvenirs traumatiques.
D’autres études sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes neurobiologiques sous-jacents par lesquels la 3MDR s’attaque à la DE et au TSPT.
Introduction
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT), l’un des principaux troubles mentaux signalés par les organisations militaires du monde entier, a des effets néfastes, tels que l’attrition et la surcharge des ressources de soins de santé [1,2]. Les militaires sont susceptibles de développer un TSPT en raison de leurs expériences en matière d’entraînement et de déploiement, ainsi que de la nature stressante et souvent traumatisante de leur rôle [3,4]. Les symptômes du TSPT chez les MM comprennent souvent l’hypervigilance, la réduction des capacités cognitives, la dysrégulation émotionnelle (DE) et des comorbidités de troubles anxieux et de l’humeur [5]. Les MM peuvent également souffrir d’un préjudice moral (MI) parallèlement au TSPT, qui est associé à des sentiments de honte, de culpabilité et de détresse à la suite d’une exposition à des événements potentiellement préjudiciables sur le plan moral (PMIE) et à des violations de la morale et des croyances fondamentales [6,7].
Les approches thérapeutiques du TSPT chez les MM et les anciens combattants sont d’une efficacité variable. Les anciens combattants obtiennent des résultats nettement moins bons que les autres populations souffrant de TSPT [6]. En outre, les taux d’abandon du traitement conventionnel chez les anciens combattants atteignent 78 %, et environ 65 % des patients continuent d’atteindre le seuil de diagnostic du TSPT après le traitement [8,9,10]. Les thérapies classiques du TSPT fondées sur des données probantes, telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et les thérapies d’exposition, sont également moins efficaces dans le traitement du sous-type de TSPT résistant au traitement lié au combat (TR-TSPT) [10,11]. Compte tenu de la gravité potentielle des symptômes du TSPT lié au combat et des conséquences altérantes ou limitantes, il est essentiel que les MM et les vétérans se voient proposer des traitements fondés sur des données probantes et efficaces.
Intervention 3MDR
La thérapie de désensibilisation et de retraitement de la mémoire assistée par le mouvement multimodal (3MDR) est une nouvelle approche psychothérapeutique interactive pour le TSPT [8,9,10] qui est dispensée dans un environnement de réalité virtuelle. L’intervention a été initialement développée aux Pays-Bas pour traiter les MM et les anciens combattants souffrant de TSPT dont le succès était limité par d’autres formes de traitement. Combinant des aspects des thérapies conventionnelles du TSPT, le 3MDR comprend la thérapie de désensibilisation et de retraitement des mouvements oculaires (EMDR), la thérapie d’exposition en réalité virtuelle (VRET) et la TCC axée sur le traumatisme [8,9,10,12], et introduit des éléments tels que l’engagement moteur par le biais de la marche sur tapis roulant. Les données issues d’ECR récemment publiées [10,13] démontrent l’efficacité de la thérapie 3MDR chez les MM et les populations d’anciens combattants qui souffrent de TSPT [14].
L’intervention 3MDR utilisée dans cette étude a consisté en huit séances sur une période de huit semaines, commençant par une à deux séance(s) préparatoire(s) à la plateforme, au cours desquelles le patient sélectionne et ordonne des images et de la musique. Les représentations symboliques sous forme d’images (photographies, croquis) liées aux expériences traumatiques du patient sont sélectionnées et classées de la moins pénible à la plus pénible. On identifie également la musique qui rappelle au patient le moment passé du traumatisme, facilite le réseau de mémoire émotionnelle (c’est-à-dire un morceau de musique qui active le traumatisme) et favorise le retour au présent (c’est-à-dire un second morceau contemporain qui est apaisant, compatissant et joyeux). Les participants ont également été familiarisés avec l’environnement virtuel et le protocole 3MDR lors d’une séance préparatoire. Les six séances de plateforme étaient des séances de thérapie de 90 minutes dans l’environnement de réalité virtuelle (ERV), y compris un débriefing de 30 minutes. Chaque séance comporte trois phases (préplateforme, plateforme et post-plateforme). Dans la phase pré-plateforme, le thérapeute et le patient confirment l’ordre des images et de la musique pour la séance. Pendant la phase de plateforme, le patient porte un harnais de sécurité et est accompagné par un thérapeute de la 3MDR tout en marchant continuellement sur un tapis roulant à un rythme qu’il choisit lui-même. Le patient s’échauffe d’abord en marchant sur le tapis roulant tout en écoutant une musique qu’il choisit lui-même et qui le relie à ses expériences traumatisantes. Ensuite, au cours de chacun des sept cycles de 3 à 5 minutes, il marche dans un « couloir » virtuel en direction d’une image qu’il a lui-même choisie et qui est liée à son traumatisme. Le patient décrit l’image, ses sensations physiques et ses sentiments au thérapeute. Le thérapeute aide le patient à générer des mots/phrases descriptifs qui sont ensuite projetés devant l’image sur l’écran et que le patient est invité à lire à haute voix. Pendant les 30 secondes qui suivent, le patient voit une balle qui oscille horizontalement au premier plan de l’image et lit les chiffres tels qu’ils apparaissent sur la balle. Après le septième cycle, le patient se refroidit en marchant tout en écoutant une musique qu’il a lui-même choisie et qui facilite la reconnexion au présent. Chaque séance se termine par un ph post-plateforme.
Régulation et dysrégulation émotionnelles
La régulation émotionnelle est la capacité à répondre de manière adaptative aux émotions négatives provoquées par des stimuli menaçants ou aversifs [15,16]. Comme l’a proposé Witte en 1992 [15], la RE découle de l’incapacité à faire face directement à la menace qui se présente, d’où la nécessité de réguler les émotions qui découlent de l’expérience. Selon Gross [16], l’ER consiste en des stratégies qui reconnaissent et répondent aux émotions négatives, telles que la réévaluation cognitive ou la réorientation de l’attention des stimuli stimulants, ainsi que l’inhibition et la modulation du comportement en réponse à l’émotion. Ces émotions négatives comprennent la peur, la colère, la culpabilité et la honte [17]. À l’inverse, la dysfonction érectile découle d’une incapacité à accomplir des tâches liées à l’émotion. Dans le TSPT, la DE peut se présenter sous la forme d’une sous-modulation ou d’une surmodulation émotionnelle [18]. La sous-modulation émotionnelle implique une hypervigilance, des expériences accrues d’émotions négatives, une faible inhibition et des adaptations comportementales en réponse aux émotions négatives. Ce sous-type se caractérise par une diminution de l’activité du lobe frontal, en particulier dans le cortex préfrontal médian (CPM) et le cortex cingulaire antérieur. D’autre part, la surmodulation émotionnelle prend la forme d’un refoulement, d’un évitement extrême, d’une incapacité à percevoir ses émotions et d’une dépersonnalisation et/ou d’une déréalisation. Le sous-type de surmodulation présente une activité excessive du mPFC et du cingulum antérieur. Cette étude se concentre sur le sous-type de sous-modulation émotionnelle et sur les façons dont il peut être stabilisé par la 3MDR.
Associés à une réduction de la RE [5,19,20], les symptômes du TSPT comprennent une humeur négative, des déficits cognitifs, l’évitement et l’hyperexcitation (critères diagnostiques D, C et E du TSPT, respectivement). Des études récentes suggèrent que les difficultés liées à la DE peuvent exacerber la gravité et maintenir les symptômes du TSPT [19,20]. En particulier, certains aspects de la DE, tels que les stratégies de régulation inadaptées ou absentes, l’évitement et la répression des émotions, et/ou l’inconscience des émotions, ont été liés à la gravité des symptômes du TSPT [21]. Chez les MM et les anciens combattants, la dysfonction érectile peut avoir des répercussions importantes sur leur capacité à fonctionner en général et peut potentiellement compromettre l’engagement et le maintien de l’emploi et des relations interpersonnelles. Elle peut également entraîner un risque accru de préjudice pour soi-même, pour les autres et pour la mission, et perturber le fonctionnement familial, social et communautaire, ainsi que la qualité de vie.
Il existe un besoin crucial d’approches thérapeutiques nouvelles et améliorées qui abordent tous les aspects du TSPT chez les MM et les anciens combattants, y compris celles qui traitent adéquatement la dysfonction érectile en tant qu’élément de la pathologie du TSPT. Actuellement, le 3MDR, en tant que nouvelle thérapie, fait l’objet d’études sur son efficacité dans le traitement du TSPT lié au combat chez les militaires et les vétérans. Cette étude vise à déterminer si le 3MDR est efficace pour améliorer la DE et à identifier les mécanismes neuropsychologiques potentiels du 3MDR qui peuvent traiter la RE et, par conséquent, le TSPT.
En savoir plus
Références de l’article Diminution de la dysrégulation émotionnelle après une thérapie de désensibilisation et de reconsolidation de la mémoire assistée par le mouvement multimodal (3MDR) : Identification des facteurs moteurs possibles dans la remédiation du TSPT résistant au traitement :
- auteurs : Tang, E., Jones, C., Smith-MacDonald, L., Brown, M. R. G., Vermetten, E. H. G. J. M., & Brémault-Phillips, S.
- titre en anglais : Decreased Emotional Dysregulation Following Multi-Modal Motion-Assisted Memory Desensitization and Reconsolidation Therapy (3MDR): Identifying Possible Driving Factors in Remediation of Treatment-Resistant PTSD
- publié dans : Int J Environ Res Public Health, 18(22), 12243
- doi : 10.3390/ijerph182212243