Dan Gilbert étudie le bonheur
Mis à jour le 29 septembre 2022
Une vidéo TED Dan Gilbert étudie le bonheur
Dan Gilbert présente ses recherches et des données issues de son exploration du bonheur — il partage des tests et expériences surprenantes, que vous pouvez essayer vous-mêmes. Regardez jusqu’au bout pour découvrir une passionnante série de questions/réponses, avec quelques habitués de TED.
Transcription en français :
Nous prenons tous des décisions tous les jours; nous voulons savoir quel est le bon choix à faire — que ce soit dans le domaine financier, gastronomique, professionnel, ou amoureux. Et, si quelqu’un pouvait dire avec certitude les bons choix à faire à chaque instant, cela serait un cadeau merveilleux.
00:29 En fait, il se trouve que le monde a reçu ce cadeau en 1738, de la part d’un polymathe hollandais, Daniel Bernoulli. Aujourd’hui j’aimerais vous parler de ce cadeau, mais aussi, vous expliquer pourquoi il n’a absolument rien changé.
00:46 Voici le cadeau de Bernoulli. Je cite. Si ça vous paraît du grec, eh bien, c’en est. Mais la traduction — bien moins précise, mais qui englobe l’essentiel de ce que Bernoulli avait à dire — est : La valeur attendue de n’importe quelle action — à savoir, le bien que l’on peut espérer obtenir — est le produit de deux choses : la probabilité que l’action nous apporte un gain, et la valeur de ce gain à nos yeux.
01:18 D’une certaine façon, ce que Bernoulli explique est que, si l’on peut estimer et multiplier ces deux valeurs, on saura toujours exactement comme se comporter.
01:26 Ainsi, cette simple équation, même pour ceux d’entre vous qui n’aiment pas les équations, est quelque chose qui vous est familier. Voici un exemple : Je vous propose de jouer à pile ou face; je vais lancer une pièce, et si l’on obtient face, je vous donne 10 dollars, mais vous devez payer 4 dollars pour avoir le droit de jouer, La plupart d’entre vous diront, bien sûr, je joue. Parce que vous savez que vous avez une chance sur deux de gagner, que le gain est de 10 dollars, ce qui fait un gain moyen de 5, et c’est plus que ce que je vous demande pour jouer. La réponse est donc oui. C’est ce que les statisticiens appellent un sacré bon pari.
02:03 Mais c’est facile quand on joue à pile ou face, mais ce n’est pas aussi simple dans la vie de tous les jours. Les gens sont très mauvais pour estimer ces deux valeurs, et c’est de ça que je vais vous parler aujourd’hui.
02:16 Il y a deux types d’erreurs que les gens font en tentant de décider quoi faire, il s’agit d’erreurs en estimant les chances de réussite, et d’erreur d’estimation de la valeur de leur réussite. Parlons de la première erreur. Calculer des probabilités semble assez simple : Il y a 6 faces sur un dé, deux côtés sur une pièce, 52 cartes dans le paquet. On connaît tous la probabilité de tomber sur l’as de pique, ou de tomber sur le côté « face ». Mais ce n’est pas si simple au quotidien. Voila pourquoi les Américains dépensent davantage — Ou, plutôt, perdent d’avantage — sur des paris que sur tous les autres loisirs réunis. La raison est que ce n’est pas comme ça que les gens calculent des probabilités.
03:02 Pour expliquer la façon dont les gens font des probabilités nous devons d’abord parler de cochons. La question que je vais vous poser est la suivante : pensez-vous qu’il y a davantage de chiens ou de cochons en laisse à Oxford, un jour ordinaire. Et bien sûr, vous savez tous que la réponse est « chiens ». Vous savez que la réponse est chiens, car vous avez consulté votre mémoire pour trouver combien de fois vous avez vu des chiens et des cochons en laisse. Il est facile de se souvenir d’avoir vu des chiens, pas si simple de se souvenir d’avoir vu des cochons. Et vous en avez déduit que, si les chiens en laisse vous viennent plus rapidement à l’esprit, c’est qu’ils sont plus fréquents. Ce n’est pas une mauvaise approximation, sauf quand elle ne fonctionne pas.
03:40 Voici, par exemple, un jeu de lettres. En anglais, existe-t-il plus de mots de quatre lettres qui commencent par R, ou qui ont un R en troisième position? Vous consultez votre mémoire rapidement, et il est très simple de se dire : Ring, Rang, Rung, et très dur de se dire : Bare … Park : ils vous viennent plus lentement. Mais en réalité, il y a beaucoup plus de mots anglais qui ont un R en 3e position qu’en première. La raison pour laquelle les mots avec un R en 3e place vous viennent plus lentement à l’esprit n’est pas qu’ils sont improbables, — ou peu fréquents. C’est parce que l’esprit se souvient des mots par leur première lettre. En quelque sorte vous commencez à dire le son, S — et le mot arrive. C’est comme un dictionnaire; c’est difficile de chercher des mots par leur troisième lettre. Cet exemple montre que l’idée selon laquelle la vitesse à laquelle les choses vous viennent à l’esprit est une indication de leur probabilité,
04:30 est une idée qui peut vous jouer des tours. Mais il ne s’agit pas que de puzzles. Par exemple, quand on demande aux Américains d’estimer la probabilité de mourir d’une façon étrange — voici les estimations du nombre de morts par an, pour 200 millions de citoyens américains. On a demandé à des gens normaux comme vous d’estimer la probabilité qu’ils avaient de mourir dans une tornade, un accident de feu d’artifice, d’asthme, de noyade, etc. Comparons ces estimations sur les véritables statistiques.
04:54 On aperçoit tout de suite un motif intéressant, qui est que deux choses sont très surestimées : les tornades et les feux d’artifice; tandis que deux choses sont très sous-estimées : les morts par noyade, et à cause d’asthme. Pourquoi? Pouvez-vous vous souvenir avoir déjà ouvert un journal avec comme gros titre « un garçon meurt d’asthme »? Ce n’est pas intéressant, car c’est si commun. On arrive facilement à se souvenir d’avoir vu des reportages ou des articles qui parlent de tornades détruisant des villes, ou d’un pauvre type qui a perdu ses mains avec un pétard le jour de la fête nationale. Les noyades et l’asthme ne sont pas très représentés aux infos. Elles ne nous viennent pas rapidement à l’esprit, et donc on les sous-estime énormément.
05:36 C’est un peu comme ce jeu de « Rue Sésame », « Cherchez l’intrus ». Et ici, l’intrus est la piscine, car une piscine est la seule chose sur cette image qui est vraiment très dangereuse. Il est en effet plus probable de mourir dans une piscine que dans ces trois autres situations réunies.
05:55 Le Loto est un bon exemple, bien sûr — un très bon cas d’étude de la façon dont les gens calculent les probabilités. Et les économistes — pardonnez-moi, si vous jouez au Loto — mais les économistes, au moins entre eux, appellent le Loto une taxe sur la stupidité, puisque les chances de gagner quoi que ce soit en achetant un ticket de Loto sont à peu près équivalentes à jeter l’argent par la fenêtre. Ce qui, soit dit en passant, ne requiert pas que vous alliez au magasin pour acheter quoi que soit
06:23 Pourquoi quiconque voudrait jouer au Loto? Et, il y a de nombreuses réponses, mais une des réponses est, On voit beaucoup de gagnants, n’est-ce pas? Quand ce couple gagne le gros lot, ou que Ed McMahon vous apporte un chèque géant — comment déposer un truc de cette taille à la banque, je ne sais pas. On voit ça à la télé, on le lit dans le journal. Quand avez-vous vu pour la dernière fois des interviews complètes de tous ceux qui ont perdu? En vérité, si on demandait aux chaînes de télévision de montrer une interview de 30 secondes de chaque perdant chaque fois qu’elles montrent un gagnant, les 100 millions de perdants de la dernière loterie demanderaient 9 ans et demi de votre temps, simplement pour les entendre dire, « Moi? J’ai perdu ». « Moi? J’ai perdu ». Alors, si vous regardiez 9 ans et demi de télévision — sans dormir, sans pause toilettes — et que vous voyez perdant après perdant, suivi d’une séquence de trente secondes de « moi, j’ai gagné ». il est très peu probable que vous alliez jouer au Loto.
07:17 Je peux vous le prouver : voici une loterie simple. Il y a 10 tickets en jeu. Neuf tickets ont été vendus à ces personnes. Le dernier ticket coute 1 dollar, et, si vous gagnez, vous emportez 20 dollars. Est-ce un bon pari? Et bien, Bernoulli nous dit que oui : le gain moyen est de 2 dollars, c’est une loterie dans laquelle vous devriez investir votre argent. La plupart des gens disent « Ok, je joue ».
07:39 Voyons maintenant une version légèrement différente de cette loterie : imaginez que les 9 tickets ont tous été achetés par un seul gros type appelé Leroy. Leroy a neuf tickets ; il n’en reste qu’un à vendre Est-ce que vous le prenez? La plupart des gens ne veulent pas jouer à cette loterie. Vous pouvez voir que la probabilité de gagner n’a pas changé mais il est maintenant extrêmement facile d’imaginer qui va gagner. On voit bien que Leroy va gagner le lot, n’est-ce pas? Vous ne pouvez pas vous dire, « j’ai autant de chances que tout le monde », car vous n’avez pas autant de chances de gagner que Leroy. Le fait qu’un seul type possède tous ces tickets change votre décision de jouer ou non, alors que ça ne change rien du tout aux probabilités.
08:13 Mais estimer des probabilités, aussi difficile que ça paraisse, est très facile comparé au problème d’estimer des valeurs: déterminer ce que vaut quelque chose, à quel point on va l’apprécier, la quantité de plaisir qu’il va nous rapporter. Je vais maintenant vous parler d’erreurs de valeur. Combien vaut ce Big Mac? Est-ce qu’il vaut 25 dollars? La plupart d’entre vous se disent que non — vous ne payeriez pas ça pour l’avoir.
08:37 Mais en vérité, pour savoir si un Big Mac vaut 25 dollars, il faut vous poser une seule question : Qu’est-ce que je peux faire d’autre avec 25 dollars? Si vous êtes sur un de ces vols long-courriers, en route pour l’Australie, et que vous vous rendez compte qu’il n’y aura pas de repas, mais que quelqu’un devant vous ouvre un sac de chez Mac Donalds, et que l’odeur vous parvient, vous vous dites Je ne peux rien faire avec mes 25 dollars pour les prochaines 16 heures. Je ne peux même pas les brûler — ils ont pris mon briquet ! À ce moment, 25 dollars pour un Big Mac semble être une bonne affaire.
09:10 D’un autre côté, si vous êtes dans un pays en voie de développement, où 25 dollars peuvent vous obtenir un repas de luxe, c’est exorbitant pour un Big Mac. Pourquoi étiez-vous si sûrs que la réponse était non, avant même que je vous aie expliqué le contexte? Parce que la plupart d’entre vous comparent le prix de ce Big Mac avec le prix que vous avez l’habitude de payer. Au lieu de vous dire « qu’est ce que je peux avoir d’autre avec cet argent? », c’est-à-dire comparer cet investissement aux autres investissements possibles, vous l’avez comparé au passé. C’est une erreur que les gens font systématiquement. Vous vous êtes dit, d’habitude je paye 3 dollars, 25 c’est beaucoup trop.
09:43 C’est une erreur, et je peux vous le prouver en vous montrant le genre de comportement irrationnel que ça apporte. Voici par exemple une des astuces en marketing les plus sympathiques; il s’agit de dire que quelque chose était plus cher auparavant, et tout à coup ça devient une affaire. Si on demande à des gens de choisir entre ces deux métiers : dans l’un, on gagne 60 mille, puis 50, puis 40 mille, un boulot où vous recevez une baisse de salaire chaque année, et un autre où vous avez une augmentation, les gens préfèrent le second au premier, bien qu’on leur ait dit qu’ils gagneront moins au final. Pourquoi? Parce qu’ils pressentent que des baisses de salaire sont pires que des augmentations, même si le total est plus élevé dans le premier cas. Voici un autre cas sympathique.
10:26 Voici un voyage organisé à Hawaii qui coûte 2000 dollars. Il est en solde pour 1600 Imaginons que vous vouliez partir à Hawaii, achetez-vous ce voyage? La plupart des gens disent que oui. Voici une version un peu différente : Le voyage a 2000 dollars est en solde pour 700 dollars, vous y réfléchissez pendant une semaine. Mais quand vous arrivez à l’agence de voyages, les billets à ce prix sont vendus — le voyage coûte maintenant 1500. Est-ce que vous l’achetez? La plupart des gens répondent non. Pourquoi? Parce que ça coûtait 700, et je ne vais pas payer 1500 un truc qui coûtait 700 la semaine dernière.
10:58 Cette tendance à comparer au passé fait que les gens ne prennent pas le meilleur prix. Une bonne affaire qui était une superbe affaire paraît moins bien qu’une mauvaise affaire qui était une très mauvaise affaire.
11:11 Voici un autre exemple de la façon dont les comparaisons au passé peuvent compliquer nos décisions. Imaginons que vous allez au théâtre. Vous êtes en chemin. Dans votre portefeuille il y a votre place, que vous avez payée 20 dollars, et un billet de 20 dollars. En arrivant au théâtre, vous vous rendez compte qu’en chemin vous avez perdu le ticket. Est-ce que vous utilisez le billet pour acheter une autre place? La plupart des gens répondent : non. Mais changeons un seul élément de ce scénario. Vous êtes en chemin vers le théâtre, et dans votre portefeuille vous avez deux billets de 20 dollars. En arrivant, vous vous apercevez que vous en avez perdu un. Est-ce que vous dépensez les 20 dollars restants pour acheter une place? Eh bien, bien sûr : je suis venu au théâtre pour voir la pièce, Qu’est ce que la perte de 20 dollars a à voir avec ça?
11:51 Au cas où vous ne vous rendriez pas compte du problème, voici un schéma. (Rires) En chemin, vous avez perdu quelque chose. Dans les deux cas, il s’agit d’un bout de papier. Dans un cas, il y avait le visage d’un président américain sur le papier, pas sur l’autre. Quelle différence est-ce que cela devrait faire? La différence est que quand vous perdez le ticket vous vous dites : Je ne vais pas payer deux fois la même chose. Vous comparez le prix de la pièce maintenant — 40 dollars — avec l’ancien prix de la place — 20 dollars — et vous vous dites que c’est une mauvaise affaire. Faire des comparaisons avec le passé est source de beaucoup de problèmes que les économistes du comportement et les psychologues identifient dans les tentatives des gens à assigner des valeurs. Mais même en comparant avec ce qui est possible, au lieu du passé, on fait encore d’autres erreurs. Je vais vous en montrer deux.
12:38 Une des choses que l’on sait sur les comparaisons : quand on compare une chose à une autre, ça modifie sa valeur. En 92, ce monsieur, George Bush, pour ceux d’entre nous qui sont plutôt à gauche en politique, ne paraissait pas très bon. Et tout à coup, on en vient presque à espérer qu’il revienne. (Rires) La comparaison change la façon dont on l’estime.
13:03 Les commerçants savaient ça bien avant tout le monde, bien sûr, et ils utilisent cette sagesse pour vous aider à vous libérer de votre argent. Ainsi si vous allez chez un marchand de vin et que vous voulez prendre une bouteille, et que vous voyez ces dernières, à 8, 27, et 33 dollars, qu’est ce que vous feriez? La plupart des gens ne veulent pas la plus chère, ils ne veulent pas le premier prix. Donc, ils achètent la bouteille du milieu. Si vous êtes un commerçant rusé, donc, vous allez mettre un objet très cher, que personne n’achètera, car tout à coup la bouteille à 33 dollars ne semble pas si chère, en comparaison.
13:36 Je vous explique quelque chose que vous saviez déjà : les comparaisons changent la valeur des choses. Voici pourquoi c’est un problème : le problème est que quand vous achetez la bouteille à 33 dollars, sa position sur l’étagère n’a plus aucune importance. Les comparaisons que l’on fait en estimant la valeur, quand on essaye d’estimer à quel point on va apprécier les choses, ne sont pas les mêmes comparaisons que l’on fera quand on les consommera. Ce problème de comparaisons qui changent nous gêne dans nos tentatives pour prendre des décisions rationnelles
14:11 Laissez-moi vous donner un exemple. Il faut que je vous présente quelque chose de mes propres recherches. Voici des sujets venant pour une expérience, à qui on demande la plus simple des questions : À quel point allez-vous apprécier manger des chips, dans une minute? Ils sont dans une pièce, avec un paquet de chips en face d’eux. Pour quelques sujets, dans un coin de la pièce se trouve une boite de chocolats de chez Godiva, et pour les autres il y a une boite de pâté de porc. Et on se rend compte que les objets qui sont dans la pièce changent à quel point les sujets pensent qu’ils vont apprécier les chips. Ceux qui regardent le pâté pensent que les chips vont être très bonnes; et ceux qui regardent les chocolats pensent qu’elles ne vont pas être si bonnes que ça. Et, bien sûr, qu’est-ce qui se passe quand ils mangent les chips? Eh bien, vous n’avez pas besoin d’un psychologue pour savoir que, quand vous avez une bouchée de chips salées, graisseuses, croustillantes et délicieuses, ce qu’il y avait dans un coin de la pièce ne fait aucune différence pour votre palais. Et pourtant, leurs attentes sont modifiées par une comparaison qui ensuite ne change pas leur expérience.
15:13 On en a tous déjà fait l’expérience, même si vous n’êtes jamais passé dans notre labo pour manger des chips. Voici un exemple : Vous voulez acheter un autoradio. Le vendeur près de chez vous les vend à 200 dollars, mais si vous allez à l’autre bout de la ville, vous pouvez l’avoir pour 100 dollars. Est-ce que vous faites le trajet pour avoir une réduction de 50%, et économiser 100 dollars? La plupart des gens disent que oui. Ils ne peuvent imaginer l’acheter à deux fois le prix quand, en traversant la ville, ils peuvent l’avoir à moitié prix.
15:39 Imaginons à présent que vous voulez acheter une voiture avec un autoradio, et le vendeur près de chez vous la vend à 31.000. mais, à l’autre bout de la ville, vous pouvez l’avoir pour 30.900. Est-ce que vous faites le trajet ? Pour économiser 0,003% — les 100 dollars. La plupart des gens répondent non, je ne vais pas traverser toute la ville pour économiser 100 dollars sur l’achat d’une voiture.
15:59 Ce genre de comportement rend les économistes fous, et c’est normal. Parce que ces 100 dollars que vous économisez, ils ne savent pas d’où ils viennent. Ils ne savent pas ce sur quoi vous les avez économisés. Quand vous faites des courses avec, les billets ne se disent pas : « je suis l’argent économisé sur l’autoradio », ou, « Je suis l’argent bêtement économisé sur la voiture ». C’est de l’argent! Si traverser la ville vaut 100 dollars, ça vaut 100 dollars, peu importe ce sur quoi vous économisez. Mais les gens ne pensent pas comme ça. Voilà pourquoi ils ne savent pas si le gérant de leur SICAV prend 0.1 ou 0.15 % de commission, mais ils conservent les bons de réduction pour gagner un dollar sur le dentifrice.
16:36 Vous le voyez, c’est un problème de comparaisons changeantes, puisque vous comparez les 100 dollars économisés à l’achat effectué, mais quand vous dépenserez cet argent, vous ne ferez plus la comparaison. Nous avons tous fait l’expérience suivante.
16:50 Si vous êtes américain, vous avez sans doute voyagé en France. Et vous avez rencontré un couple originaire de votre ville, et vous vous êtes dit, « Oh, c’est gens sont si chaleureux, si gentils. surtout, comparé à tous ces gens qui me détestent quand j’essaye de parler leur langue, et plus encore quand je n’essaye pas, ces gens sont merveilleux ». Vous visitez donc la France avec ce couple, et une fois rentrés vous les invitez à dîner, et qu’est-ce que vous apercevez? par rapport à vos autres amis, ceux-là sont ennuyeux, n’est-ce pas? C’est parce que dans ce nouveau contexte, la comparaison est très, très différente, en fait, vous vous dites même que vous les détestez tellement qu’ils pourraient aussi bien être Français.
17:27 Vous avez le même problème quand vous allez acheter une chaine Hi-fi Vous allez au magasin, et on vous propose deux genres d’enceintes — ces gros trucs monolithiques, et ces toutes petites enceintes, vous les essayez, et vous vous dites, oui, j’entends une différence, les plus gros rendent un meilleur son. Vous les achetez donc, les amenez à la maison, et elles cassent complètement la déco de votre foyer. Le problème, bien sûr, et que la comparaison que vous avez faite est une comparaison que vous ne referez plus jamais. Quel est la probabilité que, plusieurs années plus tard, vous allumiez la chaine et que vous vous disiez « le son est bien meilleur que sur les plus petites », dont vous ne vous souvenez même plus.
17:59 Le problème des comparaisons changeantes est encore plus complexe quand ces choix sont étalés dans la durée. Les gens ont d’énormes difficultés à comparer des choses qui surviendront à différents moments dans le temps. Et, ce que les psychologues et les économistes du comportement ont découvert, est que la plupart des gens suivent deux règles simples. Je vais donner un problème très simple à résoudre, puis un second aussi simple, et enfin un troisième problème, plus difficile.
18:21 Voici le premier problème. Vous pouvez avoir immédiatement 60 ou 50 dollars. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir? Disons que c’est un test de QI à une question, d’accord? Tout le monde, j’espère, préfère avoir davantage d’argent, car nous pensons que plus est mieux que moins.
18:36 Voici le second problème : Vous devez choisir entre 60 dollars tout de suite, ou dans un mois. Qu’est-ce que vous préférez? Encore une fois, c’est facile, nous savons tous que maintenant est mieux que plus tard. Le choix devient difficile quand ces deux règles sont en conflit : Si, par exemple, on vous offre 50 dollars tout de suite, ou 60 dans un mois. Cela correspond à de nombreuses situations réelles, où vous gagnez à attendre, en étant patient. Qu’est ce que l’on découvre? Que font les gens dans ces situations? Eh bien, en général les gens sont très impatients. C’est-à-dire qu’ils ont besoin de taux d’intérêt de l’ordre de la centaine de milliers de % pour accepter d’attendre, et d’avoir 10 dollars supplémentaires le mois suivant. Ce n’est peut-être pas si remarquable, mais ce qui l’est est à quel point il est facile de faire disparaître cette impatience en changeant quand les dates où les gens recevront ces sommes d’argent. Imaginez que vous avez le choix entre 50 dollars dans un an — 12 mois — ou 60 dollars dans 13 mois. Qu’est-ce qu’on découvre? Les gens acceptent d’attendre sans problème. Puisqu’ils doivent attendre 12 mois, ils peuvent aussi bien attendre 13 mois.
19:41 D’où vient cette inconsistance dynamique? Les comparaisons. Les comparaisons à problème. Laissez-moi vous le prouver.
19:48 Voici un graphique montrant les comportements dont je vous ai parlé, et vous feriez pareil si je vous laissais le temps de répondre, à savoir : les gens trouvent que la valeur subjective de 50 est supérieure à le valeur subjective de 60, quand ces sommes sont données immédiatement ou dans un mois — un délai de 30 jours — mais les gens donnent la réponse inverse quand vous repoussez cette décision un an dans le futur. Mais pourquoi est-ce que nous voyons ce genre de résultat?
20:13 Ces gars-là peuvent nous l’expliquer. Vous pouvez voir deux hommes, l’un est plus grand que l’autre : le pompier et le violoniste. Ils vont reculer jusqu’à disparaître à l’horizon, et vous allez voir deux choses. À aucun moment, le pompier ne semble plus haut que le violoniste. Jamais. Mais la différence de taille entre eux semble être de plus en plus petite. C’est d’abord quelques centimètres, puis un centimètre, puis un demi-centimètre, et enfin ils disparaissent à l’horizon.
20:41 Voici les résultats que je viens de vous montrer. La taille subjective — la taille que vous avez observée à différents moments. Et je voudrais que vous vous rendiez compte de deux choses : D’une, plus ils sont loin, plus ils nous semblent petits; et de deux, le pompier est toujours plus grand que le violoniste. Mais regardez ce qui se passe quand on cache certains résultats. Voilà. De très près, le violoniste semble plus grand que le pompier, mais de loin leur relation normale, véritable, est préservée. Comme Platon disait, ce que l’espace est à la taille, le temps est à la valeur. Voici les résultats du problème difficile que je vous ai donné : 60 maintenant ou 50 dans un mois? Il s’agit là de valeurs subjectives, et on se rend compte que nos deux règles sont respectées.
21:25 Les gens pensent toujours que plus est mieux que moins, 60 est toujours meilleur que 50; et ils pensent toujours que maintenant est mieux que plus tard. les barres de ce côté sont plus hautes que les barres de ce côté. Regardez ce qui se passe quand on en supprime quelques-unes. on voit l’inconsistance dynamique qui nous a surpris. Nous avons la tendance de choisir les 50 dollars tout de suite ou attendre un mois, mais pas si cette décision est dans l’avenir. Notez que cela implique quelque chose d’intéressant : quand les gens arrivent à ce point dans l’avenir, ils changent leur choix. C’est-à-dire que, quand le 12e mois approche, vous vous dites Mais à quoi je pensais, pourquoi attendre un mois de plus pour 60 dollars? Je veux les 50 dollars tout de suite.
22:04 La question sur laquelle j’aimerais conclure est la suivante : Si on est si stupide que ça, comment a-t-on fait pour envoyer un homme sur la Lune? Parce que je pourrais vous parler pendant deux heures, preuves à l’appui, de l’incapacité des gens à estimer les probabilités et les valeurs.
22:19 La réponse à cette question est, je pense, quelque chose que vous avez déjà entendu dans certaines autres présentations ici, et je pense que vous l’entendrez encore. À savoir, que nos cerveaux ont été conçus pour un monde bien différent de celui dans lequel nous vivons Ils étaient conçus pour un monde où les gens vivaient en petits groupes, rencontraient rarement quelqu’un de très différent d’eux-mêmes, avaient des vies assez courtes, sans beaucoup de choix, et où la principale priorité était de manger et se reproduire le jour même.
22:44 Le cadeau de Bernoulli, sa petite formule, nous permet, nous dit comment nous devrions nous comporter dans un monde que la nature n’a jamais créé pour nous. Voici pourquoi nous avons tant de difficultés à l’utiliser, mais ça explique aussi pourquoi il est si important que nous devenions bons, et vite. Nous sommes la seule espèce de cette planète qui ait jamais tenu son propre destin entre ses mains. Nous n’avons pas de prédateurs, nous sommes les maîtres de notre environnement, les choses qui, habituellement, font disparaître des espèces ne s’appliquent plus à nous. La seule chose — la seule — qui pourrait nous détruire et nous condamner est nos propres décisions. si nous ne sommes plus là dans 10 000 ans, ça sera parce que nous n’avons pas su utiliser le cadeau qui nous a été fait par un jeune Hollandais en 1738, car nous avons sous-estimé les probabilités de nos souffrances futures et surestimé la valeur de nos plaisirs présents.
23:45 Merci. (Applaudissements)
23:56 Chris Anderson: C’était fascinant. Nous avons le temps pour quelques questions pour Dan Gilbert. Vous deux.
24:04 Bill Lyell : Est-ce que vous diriez que ces mécanismes sont en partie la façon dont les actes terroristes nous effraient, et s’il existe un moyen de réduire cet effet?
24:15 Dan Gilbert : J’ai effectivement été consulté récemment par le Département de la Sécurité Intérieure, qui pense habituellement que le budget américain de la sûreté devrait être utilisé pour rendre les frontières plus sûres. J’ai tenté de leur expliquer que le terrorisme était ainsi nommé sur la base des réactions psychologiques des gens à certains événements, et que s’ils voulaient s’occuper du terrorisme, ils pourraient se demander qu’est-ce qui cause la terreur, comment empêcher les gens d’être terrifiés, plutôt que — non pas plutôt que, mais en plus de chercher à empêcher les atrocités qui nous inquiètent tous. Sans aucun doute, la part que les médias américains accordent à — et pardonnez-moi, mais dans les chiffres il s’agit de tout petits accidents. Nous savons, par exemple, qu’aux États-Unis, davantage de personnes sont mortes de ne pas avoir pris l’avion — car elles avaient peur — et ont pris l’autoroute, qu’il n’y a eu de morts le 11 septembre. OK? Si je vous disais qu’une épidémie allait tuer 15.000 Américains l’année prochaine, vous pourriez être inquiets si vous n’aviez pas compris qu’il s’agissait de la grippe. Il s’agit de petits accidents, et on pourrait se demander s’ils devraient avoir l’importance, la couverture médiatique, qu’ils ont. Cela engendre sans doute des surestimations de la probabilité que vous pourriez mourir de cette façon, et donne de la force à ceux qui veulent nous effrayer.
25:24 CA : Dan, j’aimerais en entendre plus sur ce sujet. Vous dites que notre réponse au terrorisme est une sorte de bug mental? Dites-nous en plus.
25:31 DG : C’est surestimé. Regardez. Si l’Australie disparaissait demain, la terreur serait sans doute la bonne réaction. il s’agit d’une énorme portion de gens très sympathiques. D’un autre côté, quand un bus explose et tue 30 personnes, plus de gens que ça sont morts dans ce même pays parce qu’ils n’avaient pas mis leur ceinture. Est-ce que la terreur est la bonne réaction?
25:52 CA : Qu’est-ce qui cause ce bug? Est-ce que c’est le choc de l’événement — le fait qu’il soit si spectaculaire? ou est-ce le fait qu’il s’agit d’une attaque volontaire par des, entre guillemets, étrangers? Qu’est ce que c’est?
26:01 DG : Oui, il y a plusieurs éléments, et vous en avez mentionné plusieurs. Tout d’abord, c’est une personne qui cherche à nous tuer — pas un arbre qui nous tombe dessus par accident. Ensuite, il s’agit d’ennemis qui pourraient vouloir nous blesser à nouveau. Les gens qui se font tuer sans raison plutôt qu’avec une bonne raison — comme s’il y avait de bonnes raisons, mais parfois les gens pensent que oui. Il y a donc un grand nombre de choses qui, ensemble, font que cet évènement est exceptionnel. Mais n’oublions pas que les journaux se vendent quand les gens y voient quelque chose qu’ils ont envie de lire. Il y a donc un rôle important joué par les médias qui cherchent à rendre ces événements aussi spectaculaires qu’ils le peuvent.
26:36 CA : Mais qu’est ce qu’il faudrait pour convaincre notre culture de réduire l’impact de ces événements?
26:42 DG : Eh bien, prenez l’exemple d’Israël. En Israël, un centre commercial explose, tout le monde est triste, et une heure et demie plus tard — quand j’y étais en tout cas, et j’étais à 50 mètres du centre commercial quand il a explosé — je suis retourné à mon hôtel, le mariage qui y était prévu continuait normalement. Et, comme me l’expliquait la mère israélienne, « on ne les laissera pas gagner en interrompant les mariages ». Voila une société qui a appris — et il y en a d’autres comme ça — ce que c’est que de vivre avec un certain niveau de terrorisme sans être aussi en colère, si je puis dire, que ceux d’entre nous qui n’ont pas vécu tant d’attaques.
27:12 CA: Mais est-ce qu’il n’y a pas un peu de rationalité dans cette peur, à savoir que nous sommes effrayés, car nous pensons qu’une attaque ultime est à venir?
27:19 DG : Oui, bien sûr. Si nous étions sûrs que c’était la pire attaque que nous aurons, il pourrait y avoir davantage de bus de 30 personnes — et nous ne seriez pas si effrayés. Je ne cherche pas à dire — Je vous en prie, je vais être cité quelque part comme disant « le terrorisme ce n’est rien, nous ne devrions pas être si inquiets ». Ce n’est pas ce que j’essaye de dire. Ce que je cherche à dire est que, de façon rationnelle notre souffrance par rapport aux événements futurs, aux menaces, devrait être proportionnelle à l’importance de ces menaces et des menaces à venir. Je pense que dans le cas du terrorisme, ce n’est pas le cas. Parmi les nombreuses choses que nous avons entendues aujourd’hui — combien de personnes se sont levées et ont dit La pauvreté! Je n’arrive pas à croire ce que la pauvreté nous cause. Les gens se lèvent le matin; ils ne pensent pas à la pauvreté. Ça ne fait pas les gros titres; ça ne passe pas aux infos, ce n’est pas impressionnant. Il n’y a pas de coups de feu. Voyons, si vous pouviez résoudre l’un de ces problèmes, Chris, Lequel est ce que ça serait? Le terrorisme ou la pauvreté? (Rires) (Applaudissements) Question difficile.
28:17 CA: Sans aucun doute. La Pauvreté, largement, très largement, sauf si quelqu’un peut prouver que des terroristes avec une arme nucléaire ont de grandes chances d’attaquer. Mais d’après ce que j’ai lu, ils ne peuvent pas faire ça. S’ils y arrivent, on a l’air bête, mais avec la pauvreté c’est —
28:39 DG : Même si c’était le cas, la pauvreté tuerait davantage de personnes.
28:46 CA : Nous avons évolué pour être impressionnés par ces attaques dramatiques. Est-ce parce qu’auparavant, il y a très longtemps, on ne comprenait pas des choses comme les maladies et les systèmes qui causent la pauvreté, etc. et donc que nous ne voyions pas l’intérêt, en tant qu’espèce, de dépenser de l’énergie à se préoccuper de ces problèmes? Des gens sont morts, soit. Mais si vous vous faites attaquer, vous pouvez faire quelque chose. Nous avons donc évolué vers ces réactions. Est-ce ce qui s’est passé?
29:08 DG : Eh bien, vous savez, les gens qui rechignent le plus à sauter sur les explications évolutionnistes pour toutes les questions, sont les psychologues évolutionnistes eux-mêmes. À mon avis il n’y a rien de si spécifique dans notre passé évolutif. Mais si vous cherchez une réponse évolutionniste, vous pourriez vous dire que la plupart des organismes sont néophobes — c’est-à-dire qu’ils ont peur de ce qui est nouveau et différent. Et à juste titre, car ce que vous connaissez ne va pas vous manger, n’est-ce pas? Tout animal que vous avez déjà vu à moins de chances d’être un prédateur, contrairement à un animal que vous n’avez jamais vu. Et donc, quand un bus scolaire explose et qu’on n’a jamais vu ça, notre mécanisme naturel envers ce qui est nouveau est activé. Je ne pense pas que ça soit aussi spécifique que le mécanisme que vous avez mentionné, mais peut-être un autre, plus fondamental, sous-jacent
29:54 Jay Walker : Vous savez, les économistes adorent nous parler de la bêtise de ceux qui jouent au Loto. Mais je pense que vous faites la même erreur que ce que vous leur reprochez, à savoir une erreur de valeur. Vous savez, j’ai interviewé près de 1000 joueurs de Loto au cours des années, Il se trouve que la valeur d’acheter un ticket n’est pas de gagner. C’est ce que vous croyez. Le joueur moyen achète environ 150 tickets par an, il sait donc très bien qu’il ou elle va perdre, et pourtant, elle achète 150 tickets par an. Pourquoi? Ce n’est pas parce qu’il ou elle est stupide. C’est parce que l’anticipation du gain relâche de la sérotonine dans le cerveau, ce qui donne un sentiment de bien-être jusqu’au tirage qui indique que vous avez perdu. Pour dire les choses autrement, en terme de dépense, vous vous sentez mieux qu’en jetant simplement l’argent par les fenêtres, ce qui ne vous procure pas de joie. Les économistes ont tendance à (Applaudissements) ils ont tendance à voir le monde à travers leurs yeux, à savoir que les joueurs ne sont que des idiots. C’est pourquoi beaucoup voient les économistes comme des idiots. En gros, la raison pour laquelle nous avons atteint la Lune est que nous n’avons pas écouté les économistes. Merci. (Applaudissements)
31:13 DG : Eh bien, c’est une bonne remarque. Il reste à prouver si la joie d’anticipation est strictement égale à la quantité de déception après le tirage. Car rappelez-vous les gens qui ne jouent pas ne se sentent pas mal le lendemain non plus, même s’ils ne se sentent pas super pendant le tirage. Je ne pense pas que les joueurs savent qu’ils vont perdre Je pense qu’ils se disent que c’est peu probable, mais ça pourrait arriver. Voilà pourquoi ils préfèrent ça à jeter l’argent par les fenêtres. Mais je vois ce que vous voulez dire : il peut y avoir un gain à jouer au Loto, autre que gagner. En tout cas, il y a de nombreuses raisons de ne pas écouter les économistes mais je ne pense pas que cela en soit une.
31:49 CA : Une dernière question.
31:51 Aubrey de Grey: Je suis Aubrey de Grey, de Cambridge. Je travaille sur ce qui tue plus que n’importe quoi d’autre — Je travaille sur le vieillissement, et sur ce qu’on peut y faire, j’en parlerai demain. J’apprécie beaucoup ce que vous dites, car il me semble que le problème d’intéresser les gens à travailler sur le vieillissement est que, au moment où la vieillesse vous prend, ça ressemble à un cancer ou un arrêt cardiaque ou autre. Pouvez-vous me conseiller? (Rires)
32:18 DG : Pour eux ou pour vous?
32:19 AdG : Pour les convaincre.
32:20 DG : Ah, pour vous aider à les convaincre. Il est terriblement difficile de faire en sorte que les gens voient le long terme, mais une astuce que les psychologues utilisent et qui semble marcher est de demander aux gens d’imaginer leur futur plus précisément. Une des difficultés dans la prise de décisions d’un futur lointain et d’un futur proche, est que nous imaginions le futur proche de façon beaucoup plus nette que le futur lointain. Si on pouvait égaler la quantité de détail que les gens ont dans leurs images mentales du futur proche et éloigné, alors les gens prennent des décisions à propos des deux de la même façon. Ainsi, voudriez-vous avoir 100.000 dollars de plus à 65 ans, est une question très différente de : imaginez qui vous serez à 65 ans, serez-vous en vie, quelle sera votre apparence, aurez-vous encore des cheveux, avec qui vivrez-vous. Une fois qu’on pense à tous les détails de ce scénario, tout à coup on réalise qu’il pourrait être important d’économiser pour que cette personne ait de l’argent pour sa retraite. Mais ces astuces sont anecdotiques Je pense qu’en règle générale vous combattez une tendance humaine fondamentale à savoir, « je suis là aujourd’hui, et aujourd’hui est plus important que demain »
33:21 CA : Dan, merci. Mesdames et messieurs, c’était une session fantastique. Merci. (Applaudissements)