Conference EMDR Europe – 30 juin 2018
Mis à jour le 29 septembre 2022
Retrouvez :
- Programme du 30 juin 2018 de la Conférence EMDR Europe
Nous avons eu l’occasion d’interviewer plusieurs intervenants du jour, on vous en dit plus sur leurs interventions ici :
- Focus : Intervention de Cyril Tarquinio sur le thème EMDR et cancer : une approche a synchronique et diachronique nécessaire.
- Focus : Intervention d’Hélène Dellucci sur le thème Lutter contre les conséquences de l’attachement désorganisé en installant une ressource fondamentale d’accordage l’EMDR.
- Focus : Intervention de Marie-France Gizard & Cristina Cortes sur le thème Nouvelle perspective pour travailler avec des enfants ayant souffert de traumatismes d’abandon précoce.
- Focus : Intervention de Emmanuelle Vaux-Lacroix sur le thème Thérapie EMDR avec une patiente présentant un Trouble Dissociatif de l’Identité et une paralysie fonctionnelle de 10 ans: analyse du processus de co-construction.
Programme du jour
9h00 – 10h00
Conférencier Keynote
Marco PAGANI
10h30 – 12h30
CONFERENCES SESSION 1
6 Thématiques et 17 interventions sont programmées pour cette 1er session de conférence.
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12h30 – 14h00
Déjeuner
14h00 – 16h00
CONFERENCES SESSION 2
6 Thématiques et 19 interventions sont programmées pour cette 2e session de conférence.
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16h30 – 18h00
CONFERENCES SESSION 3
5 Thématiques et 11 interventions sont programmées pour cette 3e session de conférence.
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18h00 – 18h15
THE TRAUMA AID EUROPE AWARD
18h15 – 19h30
Conférencier Keynote
Ad de JONGH
20h00 – 00h00
DINER DE GALA
FOCUS : EMDR et cancer : une approche a synchronique et diachronique nécessaire, Cyril Tarquinio
Cette intervention de Cyril Tarquinio est programmée dans la thématique » Neurobiologie et recherche en EMDR »
Cyril fait partie de notre équipe pédagogique. Nous avons eu l’occasion de lui poser quelques questions sur son intervention. Voici ce qu’il en dit :
Question : Professeur Tarquinio, l’EMDR a fait ses preuves, tant sur le plan clinique que sur le plan scientifique, dans la prise en charge de l’ESPT pour lequel elle n’est plus ni discutée ni discutable. A l’inverse, l’envisager dans la prise en charge des malades du cancer reste inédit. Pourquoi développer des recherches dans ce domaine ?
Cyril Tarquinio : Il existe au moins deux raisons qui justifient l’utilisation de l’EMDR dans la prise en charge des malades du cancer. La première est que lorsque la maladie survient, la littérature, comme la pratique clinique montrent que cela s’accompagne de troubles réactionnels (troubles anxieux, troubles dépressifs), pour lesquels l’EMDR peut être une réponse facile à mettre en oeuvre. La seconde est que la maladie qui survient s’inscrit dans une histoire de vie souvent traumatique au sens large. Cette survenue de la maladie devient alors le déclencheur d’une souffrance psychique antérieure qu’il conviendra d’identifier et de traiter. Ici encore la thérapie EMDR montre comment les réseaux de mémoire liés à l’expérience de vie sont des leviers à partir desquels il convient de penser la prise en charge des malades. Néanmoins, il existe une différence entre la question du psychotraumatisme, tel que l’appréhende le champ de l’EMDR et le cancer. Dans le cas des événements traumatiques, même si pour les victimes ils restent psychologiquement présents et toujours actifs, dans les faits, si elles sont face au thérapeute, c’est qu’elles se sont sorties de ces expériences traumatiques. C’est tout l’inverse qui se passe pour le cancer, qui depuis sa découverte jusqu’aux phases de rémission, sera toujours une réalité tangible, transcendant toutes les dimensions subjectives du sujet. Le cancer une fois diagnostiqué devient un compagnon objectivement présent avec lequel il faudra composer. C’est à chaque instant que cette épée de Damoclès pourra s’abattre sur les malades et les replonger dans l’épreuve de la maladie. Le cancer n’est pas une maladie comme les autres car elle confronte le malade à la question du mourir. Elle impose une transformation du rapport à soi-même, aux autres, du rapport au corps, du rapport au temps. C’est une dimension existentielle nouvelle qui s’impose alors au malade et qui le projette dans une réalité souvent inédite. C’est la raison pour laquelle il convient de prendre la mesure des dimensions de cette maladie pour en circonscrire les effets afin de mieux adapter la prise en charge psychothérapeutique. Que cette prise en charge soit réalisée avec la thérapie EMDR, ou non, est secondaire. Ce qui est premier c’est de saisir le spectre psychopathologique ainsi que sa complexité, lorsque celle-ci s’exprime chez le patient.
La crédibilité de la thérapie EMDR ne se constituera qu’à la condition d’être capable de proposer aux malades une prise en charge adaptée, quitte à ajuster les protocoles même de l’EMDR.
C’est dans une telle perspective que j’inscrirai le cadre de mon intervention à Strasbourg en prenant soin de bousculer les a priori parfois trop conventionnels en EMDR où ce qui prime est trop souvent la question du respect du protocole, alors que je suis convaincu qu’il est nécessaire, dans le champ du cancer, de proposer des réponses dialectiques en conformité, non seulement avec ce que j’ai exposé plus haut, mais aussi avec une dimension trop peu explicitée à savoir les stades de la maladie qui ne sont superposables ni sur le plan médical ni sur le plan psychique.
Infos pratiques : Amphithéâtre Schweitzer – Samedi 30 juin 2018, à 10h30 –
FOCUS : Lutter contre les conséquences de l’attachement désorganisé en installant une ressource fondamentale d’accordage l’EMDR, Hélène Dellucci
Cette intervention d’Hélène Dellucci est programmée dans la thématique » Interventions pour les troubles de l’attachement en EMDR »
Voici ce qu’Hélène nous a dit son intervention et comment elle a été amené à travailler sur ce sujet.
Pendant la formation de Giovanni Liotti, ce qui a été vraiment important et révolutionnaire pour moi, c’est son articulation et l’intégration de différentes notions reprenant les éléments de l’attachement désorganisé par rapport à la dissociation, par rapport à nos patients complexes.
Dans le modèle de la boîte de vitesses, nous avons ces cinq vitesses, allant de la vitesse 1 – travailler sur les peurs – la vitesse 2 – travailler sur les sensations physiques et les émotions – la vitesse 3 – le travail sur les empreinte précoces – la vitesse 4 – sur les déclencheurs – et la vitesse 5 – sur le passé.
Et puis, de l’autre côté, l’axe d’attachement qui peut être pertinent à un certain moment, de façon à ce qu’on puisse de focaliser la dessus. Qui consisterait à travailler d’abord le lien avec autrui, à commencer par l’environnement immédiat, ensuite la famille d’origine, et à aller jusqu’au trauma transgénérationnel.
Dans cet axe du lien, il y a aussi le lien à soi, c’est-à-dire : dès que, face à soi-même, chez les gens qui ont des troubles dissociatifs – et souvent chez les gens qui ont un attachement désorganisé, il y a, à un moment donné, des réactions qui émergent – qui montrent que les patients ont, avec eux-mêmes, avec leur monde intérieur, une relation non constructive. C’est-à-dire que dès qu’il s’agit de s’occuper de ce qui émerge à l’intérieur, les phobies dissociatives et, ce conflit insoluble face à l’attachement – entre la crainte de rentrer en lien, de s’approcher et la panique de perdre le lien – peut rendre le travail d’exploration de ces parties laborieux . Et on voit que ça se stagne à ce moment-là. Et aussi le travail sur les empreintes précoces laborieux.
Alors, au départ, je me suis dit : il faut travailler sur les émotions, sur les peurs. Et, la formation de Giovanni Liotti, et surtout ses écrits, m’ont orienté vers une idée d’installation de ressources qui consisterait, en dehors de tout trauma, à expliquer dans une relation de coopération la logique de l’attachement et les réactions héroïques des petits, en utilisant des stratégies de contrôle pour être en lien, sans activer les blessures du système d’attachement, activer ces stratégies de contrôle.
Donc, une fois que le patient, dans une relation de coopération, a compris que l’attachement blessé signifie avoir à l’intérieur un bébé blessé, il s’agissait de relever le défi de : à partir d’une reconnaissance rationnelle, comment rentrer en lien et amener le patient à être suffisamment bienveillant avec lui-même et aller prendre soin de ce bébé intérieur ?
C’est là que nous nous sommes rendus compte qu’il y a énormément de frein. Et c’est comme ça que j’ai commencé avec des patients à installer des ressources d’accordages fondamentaux, c’est-à-dire qui fonctionneraient comme une sorte d’installation de ressources qui peut être faite hors trauma, et qui, de ce fait, est faisable.
J’expliquerai pendant mon intervention comment faire. Nous avons élaboré un protocole très clair, qui a été validé par Giovanni Liotti comme étant une procédure vraiment intéressante d’utiliser l’EMDR dans cette installation de cette ressource fondamentale du début de la vie tout en permettant de travailler avec les patients sans toucher à leur trauma.
Nous avons pu constater que les patients chez qui nous avons pu installer cette ressource fondamentale étaient moins bloqués dans le travail sur les empreintes précoce, dans le travail sur le lien à soi, dans l’exploration des ressources, parce qu’on pouvait toujours revenir à cette ressource d’installation, ressource d’accordage.
Pendant la conférence EMDR Europe de Strasbourg, je vais également présenter le cas clinique d’un patient qui présentait un défi particulièrement important, et avec lequel j’ai pu travailler sur la notion de ressource d’accordage fondamentale avec les figures symboliques. Ce travail a aidé ce patient qui n’avait accès à aucune empathie, aucune émotion d’avoir accès à une empathie pour lui-même, aux émotions et finalement à résoudre sa problématique en moins de 5 séances. Cette ressource fondamentale a été une aide bienvenue et efficace.
Infos pratiques : Salle Rome – Samedi 30 juin 2018, à 10h30 –
FOCUS : Nouvelle perspective de travailler avec les enfants qui ont souffert d’un traumatisme de l’abandon précoce, Marie-France Gizard & Christina Cortès
Cette intervention de Marie-France Gizard et Christina Cortès est programmée dans la thématique » Psychothérapie pour enfants « .
Marie-France et Christina se sont rencontrées au Comité EMDR Europe pour les enfants. Le hasard les a amenées à se retrouver en formation à Barcelone. Ce fut le début d’une aventure commune pour ces deux praticiennes EMDR qui se sont découverts de nombreux points communs : une façon similaire d’appréhender les cas, d’utiliser une approche intégrative dans leur travail avec les enfants traumatisés… en France et en Espagne. Depuis, elles cogitent, échangent ensemble, et écrivent parfois à deux mains sur le thème de la psychothérapie pour les enfants.
Aujourd’hui, elles nous présentent le fruit de leurs réflexions.
Infos pratiques : Salle Londres 2 – Samedi 30 juin 2018, à partir de 10h30 –
FOCUS : Thérapie EMDR avec une patiente présentant un Trouble Dissociatif de l’Identité et une paralysie fonctionnelle de 10 ans : analyse du processus de co-construction, Emmanuelle Vaux-Lacroix
Cette intervention d’Emmanuelle Vaux-Lacroix est programmée dans le cadre de la thématique » l’EMDR dans les pays francophones »
Voici ce qu’Emmanuelle nous en dit :
Si je présente ce processus thérapeutique, c’est parce que, depuis 6 ans que j’accompagne cette patiente que j’ai renommé Marie, j’ai beaucoup partagé mes difficultés et avancées en supervision et en covision. En parlant d’elle, mes collègues m’ont souvent dit que ce serait particulièrement intéressant que je décrive ce cheminement. Par ailleurs, au travers de cette intervention, Marie souhaite donner du sens à son histoire en acceptant que je la partage et ainsi donner de l’espoir à celles et ceux qui souffrent de traumatismes chroniques.
Je souhaite mettre en évidence qu’il est possible d’obtenir des résultats très significatifs avec une phase 1 & 2 en EMDR. Il m’apparaît essentiel de transmettre ce message, car moi-même, j’ai mis du temps à le comprendre. De plus, j’exposerai comment interagir avec les parties émotionnelles de la personnalité (PE) qui imitent l’agresseur, qui sont souvent des PE difficiles à aborder, face auxquelles les praticiens peuvent ressentir un fort contre-transfert négatif.
Je tirerai également les enseignements des difficultés rencontrées tout au long de cet accompagnement.
Titre : Thérapie EMDR avec une patiente souffrant d’un Trouble Dissociatif de l’Identité, présentant une paralysie fonctionnelle des jambes depuis 10 ans : analyse d’un processus de co-construction.
Principe clé : La complexité du cas a conduit à la compréhension que le fait de travailler directement avec les nombreuses parties de la personnalité et d’identifier leurs buts était une pierre angulaire pour la patiente et la praticienne dans le processus thérapeutique.
Objectifs d’apprentissage
1 / Stabiliser l’hyperactivation de la patiente et lui permettre de rester dans sa fenêtre de tolérance via des techniques d’apprentissage développées en co-construction.
2 / Apprendre à travailler avec les parties émotionnelles de la personnalité (PE) qui imitent l’agresseur, un processus difficile pour les patients comme pour les praticiens, et comment ces PE peuvent évoluer et être d’un grand soutien pour les patients et le travail thérapeutique.
Résumé
Le travail effectué avec la patiente au cours des 6 dernières années sera présenté à travers des vidéos et du matériel clinique, basé sur le modèle du Traitement Adaptatif de l’Information (TAI) (Shapiro, 2001) et la théorie de la dissociation structurelle tertiaire de la personnalité (van der Hart, Nijenhuis et Steele , 2006).
À son arrivée en thérapie, la patiente de 28 ans n’était pas consciente de son fonctionnement dissociatif et était constamment en état d’hyperactivation en ne se rappelant que d’un seul événement traumatisant à l’âge de 11 ans. De plus, elle souffrait d’une paralysie fonctionnelle des jambes depuis 10 ans et d’un trouble d’utilisation de substances.
Son fonctionnement interne sera présenté et comment le processus du travail thérapeutique a été adapté dans le cadre standard de l’EMDR. La patiente était constamment hyperactivée via de très nombreux déclencheurs et était essentiellement en dehors de sa fenêtre de tolérance dans sa vie quotidienne. Le choix clinique a été fait de travailler directement avec les différentes parties de la personnalité, c’est-à-dire les parties apparemment normales (PAN) et les parties émotionnelles (PE). Cela a nécessité la construction d’une relation thérapeutique différente avec chacune de ces parties, certaines beaucoup plus présentes et actives que d’autres. La patiente a appris à utiliser nos interactions comme modèle; au fil du temps, elle a accepté et collaboré avec ses PAN et ses PE. En phase initiale, le travail a pu sembler confus et déstructuré, mais à la fin, cela a été compris comme un miroir de son monde interne.
L’étude de cas se concentrera sur les différentes phases du processus thérapeutique. L’objectif était d’aider la patiente à acquérir une autonomie mentale vis-à-vis de son système interne afin de pouvoir désensibiliser et retraiter les souvenirs traumatiques, ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui; la patiente est maintenant capable de maintenir une attention double et de travailler en coopération et en coprésence avec ses PAN et ses PE.
Les nombreuses difficultés rencontrées en tant que thérapeute au cours du processus seront également abordées ainsi que ce qui a été appris et ce qui aurait pu être réalisé différemment.
Infos pratiques : Salle Rome, samedi 30 juin 2018, à partir de 14h00Vous retrouverez toutes les infos sur la 19e conference EMDR Europe sur le site dédié à cette manifestation : http://program.emdr-2018.com/[no_toc]