Comment aider les enfants à dire au revoir à un proche décédé ?

Mis à jour le 22 août 2023

Comment aider les enfants à dire au revoir à un proche décédé ?, un article d’Erik de Soir.

Erik de Soir est docteur en psychologie et docteur en sciences sociales et militaires.

Impliquer un enfant dans la cérémonie d’adieu d’un proche est essentiel pour lui permettre de faire son deuil. Or l’épidémie de coronavirus et les restrictions imposées par les autorités limitent la participation aux obsèques. Comment aider les plus jeunes à dire au revoir à leur proche ?

Perdre un proche en pleine épidémie de coronavirus

Se séparer à distance

A la suite des mesures de sécurité actuelles, les visites dans les hôpitaux et maisons de repos ne sont plus autorisées. Par conséquent, il n’y a pas d’adieu sur place en cas de décès même si le défunt n’est pas mort d’une infection au coronavirus. Cette situation est particulièrement pénible pour les enfants qui n’ont pas vu leurs grands-parents ou d’autres membres de la famille depuis longtemps.

Parfois les symptômes de personnes atteintes par le coronavirus sont très sévères dès le début et une hospitalisation immédiate s’ensuit, peut-être même en soins intensifs. Lorsqu’il devient clair que le décès est imminent, il n’y a aucune possibilité d’avoir un dernier moment ensemble. D’une part à cause de l’interdiction de visiter les patients dans les hôpitaux et d’autre part, parce que le reste de la famille est souvent en isolement à domicile ou en quarantaine et ne peut pas quitter la maison.

Il est important d’impliquer les enfants au maximum dans la séparation à distance. Dès lors qu’il n’est plus possible de mourir en compagnie de sa famille, entouré de ses proches, il faut être créatif et chercher d’autres moyens pour permettre à la famille et aux plus jeunes d’être présents dans les derniers moments. Les enfants sont encouragés à faire des dessins, à enregistrer des messages vidéo, à passer un dernier appel téléphonique. Il est essentiel pour l’enfant de sentir qu’il a eu la possibilité d’être là pour son proche et en communion avec sa famille.

Organiser les funérailles

En cas de décès non lié au coronavirus

L’organisation des funérailles se fait la plupart du temps par téléphone, ce qui rend cette étape encore plus douloureuse pour la famille et qui peut à nouveau exclure l’implication des enfants. L’habillement à domicile et l’embaumement du corps sont interdits.

Si le décès n’est pas la suite d’une infection liée au coronavirus, le corps est amené au salon funéraire où la famille pourra obtenir rendez-vous avec un maximum de 5 personnes pendant une heure. Le corps peut être touché en respectant les mesures d’hygiène et la distance d’1.5 mètre entre les personnes présentes. Il n’est donc pas possible de s’embrasser ou de se serrer dans les bras.

Il est important d’expliquer aux enfants que les condoléances se font maintenant en plaçant la main sur son cœur ou avec le geste « Namaste ». Il peut être utile de prendre des photos ou une vidéo voire de proposer aux enfants de prendre leurs propres photos et vidéo. Cela pourra être d’une aide précieuse dans le processus de deuil des enfants dans un stade ultérieur car les enfants intègrent les évènements de façon différente que les adultes.

Seulement 20 membres de la famille sont autorisés à assister aux funérailles. De plus, les personnes malades ayant un rhume ou de la fièvre sont priées de ne pas se présenter peu importe le lien de parenté avec le défunt.

Ici encore, impliquer les enfants est primordial : ils peuvent fabriquer par exemple un arbre à souhaits ou une guirlande avec des dessins qui peuvent être utilisés au cours de la cérémonie par les adultes. Ils peuvent aussi enregistrer avant le service des images vidéo qui seront diffusées.

L’enregistrement de la cérémonie funéraire peut être envoyé à tous avec un code de connexion. Les enfants pourront regarder ces images par la suite et voir leurs dessins ou contributions.

En cas de décès lié au coronavirus

Lorsqu’une personne décède du coronavirus, les restrictions sont encore plus grandes. En principe, la famille proche peut toujours accueillir le défunt au salon funéraire dans des conditions strictes. Mais les directeurs de pompes funèbres le déconseillent en raison du risque de contamination. Dans ces conditions, il ne faut pas hésiter à leur demander comment les enfants peuvent être impliqués, par exemple en posant leurs questions par téléphone ou vidéoconférence.

Vous pouvez aussi créer votre propre rituel à la maison, en cercle privé, avec la photo du défunt, en partageant des souvenirs, en écoutant de la musique, en lisant des poèmes, etc.

Une fois les restrictions liées aux risques d’infection levées, un service commémoratif pourra avoir lieu dans un cercle plus élargi.

Aider les enfants à faire le deuil

L’enfant doit pouvoir disposer d’une personne ressource adulte sur qui s’appuyer. Il est donc important de prendre bien soin de soi afin que les enfants bénéficient de notre équilibre et de notre calme.
Accueillir ses émotions et les partager avec les enfants, il ne faudrait pas cacher ses émotions pour « rester fort » face aux enfants. Il est légitime de ressentir de la tristesse. Montrer nos émotions sans honte va permettre aux enfants de pouvoir exprimer les leurs.
Expliquer nos réactions aux enfants (colère, tristesse) avec des mots simples et adaptés à leur âge.
Les informer autant que possible sur le déroulement des obsèques.
Les impliquer au maximum dans l’organisation des rites funéraires (dessins, chansons, vidéo, etc.)
Etre à l’écoute de leurs besoins et respecter leur rythme.

En savoir plus

Informer et impliquer les enfants lors d’une cérémonie d’adieu d’un proche décédé des suites du coronavirus, Lies Scaut & Erik de Soir, Brochure éditée par De Weg Wijzer – Centre d’expertise du trauma et du deuil, Leopoldsburg.