Apprendre à vivre avec la douleur
Mis à jour le 30 septembre 2022
Un article Apprendre à vivre avec la douleur, de Franck Henry et Chantal Wood, publié par la magazine Cerveau & psycho, en février 2017.
L’essentiel
- Méditation, hypnose, tcc, emdr : des thérapies psychologiques qui soulagent souvent les patients atteints de douleur chronique.
- C’est parce que la douleur n’est pas qu’une sensation ; c’est aussi une émotion, qui s’accompagne de stress, d’anxiété et parfois de dépression.
- Avec ce genre de thérapie, le patient apprend à accepter sa douleur et à reprendre ses activités habituelles.
Extrait
Quand une douleur chronique résiste à tout traitement, il reste une solution : les thérapies « psychologiques », comme la méditation, qui apprennent au patient à vivre différemment avec la douleur pour ne plus la subir.
Un jour, après des mois, voire des années, de douleur chronique sans cause identifiable, on s’entend dire : « C’est dans la tête. » Et c’est vrai, d’une certaine façon : toute sensation douloureuse est perçue dans le cerveau. Mais de multiples facteurs font qu’elle y reste ou non : ce qui l’a causée, la personnalité de celui ou celle qui la ressent, le contexte où elle s’exprime… Et malgré les prouesses techniques de la science et de la médecine, nous ne maîtrisons pas encore tous ces facteurs. En revanche, de nouvelles thérapies psychologiques peuvent soulager les douleurs chroniques, celles qui notamment résistent à tout autre traitement.
La douleur n’est pas proportionnelle à la gravité d’une blessure. Certaines lésions n’entraînent aucune souffrance – par exemple une verrue – et il peut exister des douleurs sans lésion – par exemple, le mal de tête que nous avons parfois quand nous sommes très fatigués… C’est parce que la douleur n’est pas qu’une sensation. C’est aussi une « émotion » qui se produit dans un contexte donné avec une signification associée. Nous vivons une douleur de manière différente selon qu’elle apparaît au cours d’un cancer ou lors du passage du baccalauréat ; le stress qui y est associé n’est pas le même. Tout dépend de notre attention et de nos émotions. Et nous ne sommes pas tous sensibles à la douleur de la même façon . Aussi plusieurs facteurs jouent-ils un rôle important dans la perception de la douleur, au premier rang desquels les attentes que nous avons quand nous souffrons, le stress, ainsi que la peur de la douleur.
En 2007, Serge Marchand et ses collègues, de l’université de Sherbrooke, au Canada, ont démontré que, si nous nous attendons à avoir mal, la douleur causée par un stimulus de faible intensité est augmentée, car, inconsciemment, nous empêchons l’action de mécanismes naturels d’inhibition de la douleur dans notre cerveau et notre moelle épinière. En 2007 également, Luana Colloca, à l’université de Turin, et ses collègues ont aussi révélé que lorsque nous avons des attentes négatives et que nous pensons que la douleur va s’aggraver, nous sécrétons plus de cholécystokinine, une substance qui facilite la transmission de la douleur.
La douleur, c’est dans la tête
En 2001, Michael Sullivan, de l’université McGill, au Canada, et ses collègues avaient déjà mis en évidence le rôle du catastrophisme, à savoir une attitude mentale exagérément négative qui se construit durant une expérience douloureuse en cours ou que l’on anticipe. Ce qui contribue à se sentir impuissant. Les personnes qui se focalisent sur les aspects négatifs de la douleur ruminent de sombres pensées, s’attendent à voir revenir la douleur et, lorsqu’elle arrive, la ressentent avec plus d’intensité. Elles ont alors tendance à penser en permanence à leur souffrance, de sorte qu’elles « l’entendent » davantage, et elles croient souvent que quelque chose de grave va leur arriver et qu’elles ne peuvent rien faire pour aller mieux.
Les patients ont aussi parfois peur de bouger. C’est ce que l’on nomme la kinésiophobie : ils évitent les mouvements et développent alors un handicap plus important que celui qu’ils auraient eu s’ils n’avaient pas eu peur. Dès lors, si la douleur secondaire à une lésion ou à un effort est interprétée comme menaçante (le catastrophisme y contribue), la peur de la douleur augmente, de sorte que le sujet évite les situations qui engendrent cette souffrance. Ce qui amplifie le handicap physique, et, de fait, la douleur.
Johan Vlaeyen, de l’université de Louvain, en Belgique, appelle ce phénomène le cercle vicieux peur-évitement . Selon lui, il y aurait deux réponses comportementales à la douleur : l’affrontement et l’évitement. Si nous affrontons la douleur sans en avoir peur, nous guérissons. Mais si nous l’interprétons comme potentiellement dangereuse et lui associons des idées « noires », si nous évitons les situations où elle pourrait survenir, devenons hypervigilants, développons peu à peu des conduites inadaptées et imaginons toutes sortes de choses sans rapport réel avec la douleur, comme le fait qu’elle pourrait refléter une maladie, nous ne guérissons pas.
Un autre facteur impliqué dans la perception de nos souffrances et leurs conséquences est la « mémoire » de la douleur, à savoir le fait qu’elle modifie durablement les circuits neuronaux et cérébraux . La douleur chronique engendre alors des difficultés importantes, comme l’anxiété, la dépression, voire des troubles cognitifs et, grâce aux techniques d’imagerie cérébrale, on a montré qu’elle s’accompagne d’une modification du volume de certaines zones du cerveau liées à la douleur.
Toutefois, voici une bonne nouvelle : notre style de vie, la pratique du yoga, de la méditation, de l’hypnose, en…
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