EMDR aujourd’hui et demain : connecter la recherche thérapeutique à la pratique
Résumé : Les premières publications sur l’EMDR sont apparues en 1989. A ce jour, près de 30 ans plus tard, il est établi que l’EMDR est un traitement reconnu, à court terme, pour le TSPT. Bien que l’on puisse prédire, en se basant sur le modèle TAI de Shapiro, que l’EMDR peut traiter des souvenirs perturbants de vécus déterminants pour le développement et le maintien d’autres maladies mentales, il semble toujours difficile pour l’EMDR de faire partie des lignes directrices de traitement d’autres troubles que le TSPT « pur ». Comment cela se fait-il ? Les buts de cette présentation sont : 1) fournir une vue d’ensemble de la preuve empirique actuelle (‘l’état de l’art’) concernant l’utilisation de l’EMDR pour divers troubles DSM, 2) donner des réponses quant à la garantie que les résultats de la recherche sont mis en œuvre dans les futures directives et la pratique clinique de terrain, 3) aborder de nouvelles avancées dans le champ du psychotrauma qui donnent des opportunités à l’EMDR et pourraient être infiniment utiles à nos patients.
Un article Le traitement des phobies spécifiques par l’EMDR, de Ad de Jongh & ErikTen Broeke (conceptualisation – stratégies de sélection des souvenirs), publié dans le Journal of EMDR Practice and Research, volume 1, Number 1, 2007 – Traduction : Gérard Poussin, en mars 2008 – Révision : François Mousnier-Lompré
Stéphanie KHALFA (France)
Mécanismes cérébraux du Trouble de stress post-traumatique et son traitement par la thérapie EMDR
Résumé :
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) survient après une exposition à un événement traumatique. En particulier, cela produit un déficit de régulation émotionnelle impliquant l’amygdale et le cortex préfrontal. En utilisant la thérapie EMDR nous avons pu montrer qu’après une rémission des symptômes la fonction cérébrale normale est restaurée, en particulier au niveau de ces deux structures. Nous avons ensuite examiné les mécanismes d’action de cette thérapie courte et efficace du TSPT.
En savoir plus sur le travail de Stéphanie Khalfa :
Un reportage vidéo « Sciences – EMDR et stress post-traumatique », de Laurence Beauvillard, diffusé dans Télématin, à 07h, le 13 février 2016, avec une interview de Stéphanie Khalfa
Jonathan LEE, Université de Birmingham (Angleterre)
Consolidation de la mémoire et EMDR
Résumé :
Une caractéristique fondamentale sous-jacente du SSPT et d’autres troubles, est une mémoire émotionnelle anormalement forte et persistante qui influence le comportement quotidien. Par conséquent, les traitements qui diminuent, effacent ou revalorisent les souvenirs sont susceptibles d’avoir des résultats bénéfiques. Ma recherche se concentre sur les mécanismes de base des souvenirs, y compris la peur et les souvenirs traumatiques, dans des modèles expérimentaux de rongeurs. En utilisant de tels modèles, nous pouvons progresser dans notre compréhension de la formation, de la stabilisation et de la persistance de la mémoire. Cette compréhension constitue la base de la transposition aux études expérimentales et cliniques humaines.
Ces dernières années, on s’est de plus en plus concentré sur le phénomène de la déstabilisation- reconsolidation de la mémoire. Les souvenirs semblent parfois déstabiliser lors de leur récupération, ce qui nécessite un processus de reconsolidation. L’interférence ou la manipulation de ce processus de reconsolidation peut réduire l’expression ultérieure de la mémoire. La reconsolidation de la mémoire permet de réduire la peur et l’anxiété ; ceci a été démontré dans des modèles de rongeurs, des études expérimentales sur la peur humaine, des paradigmes de traumatologie expérimentale chez l’homme et chez des patients atteints de SSPT. Certains ont même postulé que l’interférence avec la reconsolidation de la mémoire est un mécanisme par lequel l’EMDR agit. Cependant, d’autres études sur les rongeurs suggèrent que des problèmes importants doivent être considérés lorsqu’on tente d’appliquer un traitement basé sur la reconsolidation à des patients humains. Ces considérations pourraient être pertinentes pour une pratique plus large de l’EMDR.
Marco PAGANI, Institut des sciences cognitives et des technologies du Conseil National Italien de Recherche (Italie)
Imagerie cérébrale et mécanismes d’action de l’EMDR
Résumé :
La neuro-imagerie s’est avérée un outil puissant pour étudier les corrélats neurobiologiques de l’EMDR: elle a démontré une association claire entre la normalisation des changements fonctionnels du cerveau et la régression des symptômes. Dans un passé récent, une série d’investigations EEG contrôlant en temps réel les activations corticales survenant lors de la désensibilisation oculaire bilatérale ont fait de l’EMDR la première psychothérapie dans laquelle des corrélats neurobiologiques ont été représentés en temps réel.
Grâce à ces puissants outils, la présentation passera en revue diverses hypothèses neurophysiologiques sur le mécanisme d’action de l’EMDR en mettant l’accent sur le rôle de la stimulation bilatérale et des réseaux de mémoire. De nouvelles preuves expérimentales seront apportées.
Un article Impact neurobiologique de l’EMDR dans le cancer, de Sara Carletto et Marco Pagani, publié dans le Journal of EMDR Practice and Research, Volume 12, Number 2, 2018, pp. 21E-30E(10)
Mécanisme général d’action des thérapies centrées sur le trauma – quelques conclusions issues des résultats de la recherche sur l’EMDR
À partir d’une présentation de nos propres conclusions, l’état actuel de la recherche sur le mécanisme d’action de l’EMDR sera passé en revue et décrit dans 3 domaines :
1) réduction du stress subjectif et apaisement psychophysiologique lors des sessions de traitement indiquant une habituation et une intégration mnésique,
2) les réponses d’orientation en début de stimulation bilatérale correspondant à la stimulation d’un comportement de recherche comme proposé par Jaak Panksepp,
3) l’activation du cortex frontal associée à la stimulation, montré par une augmentation de l’EEG, signalant un contrôle top-down amélioré.
Un modèle intégratif du mécanisme d’action sera proposé soulignant l’importance de la double attention dans le traitement de la mémoire traumatique en tant que mécanisme général commun à toutes les thérapies basées sur l’exposition.