3 questions à Ilona Boniwell
Mis à jour le 20 juillet 2016
Pour elle, la psychologie positive n’est pas un catalogue de recettes qu’on applique à tous. C’est une approche scientifique qui permet de comprendre ce qui va bien, et d’étudier non pas la dépression, l’angoisse, les problèmes familiaux… comme la psychologie classique, mais au contraire de comprendre ce qui va bien et d’en décortiquer les ficelles : bonheur, bien être, forces, sagesse, émotions positives… Tout cela de manière scientifique.
Les forces justement. Elle en parle dans sa formation en psychologie positive pour les professionnels de la santé car pour elle, il est important d’aider les gens à comprendre leurs points forts et leurs talents pour les appliquer au quotidien et pouvoir compter sur soi.
Les découvrir, les comprendre et les exprimer sont l’un des objectifs de cette formation avec lequel les professionnels pourront amener leurs patients et clients à mieux se connaître et à ajuster leur vie personnelle et professionnelle en fonction de leur personnalité. Et pourquoi pas de définir les contours de leur passion !
Q1 – Bonjour Ilona, vous faites de la psychologie positive depuis 20 ans, qu’est-ce qui vous fascine encore dans ce domaine ?
Pionnière de la psychologie positive en Europe, j’ai eu la chance de croiser cette discipline très tôt, à ses débuts en 1999 et j’ai alors su sans hésitation que j’y consacrerai ma carrière entière. Après toutes ces années d’apprentissage, de recherche et d’enseignement, mon intérêt pour cette matière ne décroit pas. C’est un domaine passionnant, en perpétuelle évolution et au progrès scientifique surprenant.
On parle d’une science qui permet de comprendre comment il est possible de vivre bien, à son meilleur potentiel, d’en établir les conditions scientifiques et de les propager au niveau individuel et organisationnel. Cette science est vivante, appliquée et transversale, établissant des liens culturels, physiologiques et sociaux. Il est impossible de s’y ennuyer, ni de ne pas en ressentir les bienfaits. C’est un domaine sans fin. Ce qui me fascine surtout c’est comment parvenir à trouver une nouvelle méthode pour utiliser la psychologie positive dans le domaine du travail, du coaching et de l’éducation.
Q2 – Avoir Martin Selignan comme mentor direct vous a fait quel effet ?
J’ai effectivement commencé la psychologie positive à une place privilégiée puisque mon mentor était un fondateur de cette discipline. Cette époque correspond à une période charnière de ma vie. J’étais curieuse, passionnée et avais soif d’apprendre. J’étais fascinée par tout ce que j’apprenais et j’étais pressée de pouvoir utiliser ses connaissances en dehors d’une classe. Martin Seligman est curieux, créatif, ouvert aux choses innovantes et ce sont certainement des caractéristiques qui m’ont inspirée.
À une époque où il n’existait qu’un manuel de classification des divers troubles mentaux (DSM-IV), Martin Seligman a créé un Manuel des forces et des vertus afin que chacun soit à même de découvrir, utiliser et développer ses forces. Dix ans plus tard, j’ai créé le premier jeu français de cartes de forces servant ce même objectif. Hommage au mentor ?
Q3 – Pourquoi vous être intéressée aux Forces au point d’en faire un jeu de cartes, et de créer des ateliers ?
Les forces de caractères restent mon outil préféré de psychologie positive. C’est un puissant véhicule d’action permettant d’améliorer la congruence avec soi ainsi que ses performances. L’effet produit par leur utilisation est réel et produit un impact à long terme. Une infirmière en soin palliatif a répertorié les principaux regrets des mourants. En tête, le sentiment de ne pas avoir vécu sa vraie vie (avoir le courage de vivre la vie que je voulais vraiment et non celle que l’on attendait de moi).
Tout le monde devrait avoir la chance de découvrir sa vie sous l’angle de ses forces et la bonne nouvelle est que nous avons tous un cocktail de 5 ou 7 forces sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. Leur utilisation est transformatrice pour peu qu’on s’y applique et nous gagnerons tous à ajuster notre vie avec nos forces. Je l’ai constaté à maintes reprises et souhaite diffuser ce message autant que possible, par différents moyens : formation professionnelle, ateliers pratiques, jeux de cartes. En effet jouir de ses forces requiert un véritable travail. Il faut travailler ses forces pour trouver comment transformer sa vie par elles. Car oui, c’est un travail.
Le conseil d’Ilona
J’ajouterai seulement un conseil de bon sens : tout partage est précédé de l’expérience. Il est impossible de partager des connaissances sur les forces si vous n’en faites pas l’expérience au préalable. Il faut éprouver les bienfaits de l’usage de ses forces de signature pour être capable de bien partager ses connaissances, ressentir d’abord pour transmettre ensuite la force des forces.