Ventre : le poids du stress
Mis à jour le 14 octobre 2022
David Servan-Schreiber – Psychologies Magazine – Avril 2001
On a longtemps cru que cette différence était le fruit d’une prédisposition génétique liée au sexe. Quelques études récentes remettent en question ce schéma simpliste.
A San Francisco, une équipe de chercheurs de l’université de Californie vient de démontrer que c’est peut-être le type de stress auquel les hommes – et de plus en plus de femmes – sont exposés et surtout leur façon de réagir qui déterminerait la localisation de la graisse (1).
Les chercheurs ont d’abord séparé les femmes de poids « normal » en deux groupes selon la localisation de leurs dépôts adipeux : d’un côté, les « pommes » ; de l’autre, les « poires ».
Ces femmes ont ensuite été soumises à des épreuves susceptibles de les stresser (calculs arithmétiques rapides, exposés oraux face à un public, etc.), et cela, plusieurs jours de suite.
Résultat : les femmes qui avaient un peu de ventre et de fines jambes (adiposité de type masculin, donc en « pomme ») se sont avérées être celles qui réagissaient le plus fortement au stress et qui, les jours passant, ne parvenaient toujours pas à s’y habituer. A chaque nouvelle épreuve, leur taux de cortisol – hormone du stress par excellence – s’élevait, reflétant ainsi le prix payé par leur corps pour affronter l’événement. En revanche, les femmes à l’adiposité féminine (donc en « poire ») semblaient faire face avec beaucoup plus de sérénité mentale et moins de réactivité physiologique.
D’autres études, qui portent, elles, à la fois sur des hommes et des femmes, ont indiqué que la distribution de la graisse sur le ventre est plus fréquente chez les personnes anxieuses, sujettes à la dépression, ou aux prises avec des difficultés sociales (comme le chômage, un divorce, etc.).
Le stress s’accumule donc dans le ventre. Pourquoi cette découverte est-elle importante ? Parce qu’on sait que cette façon de grossir, longtemps l’apanage des hommes, est un facteur de risque classique pour les maladies cardio-vasculaires (hypertension, hyperlipidémie, maladie coronarienne, accidents vasculaires cérébraux) et même pour le diabète. Aujourd’hui, les femmes en sont à leur tour victimes. Espérons toutefois qu’elles sauront y faire face plus intelligemment.
1- Stress and Body Shape : « Stress-Induced Cortisol Secretion is Consistently Greater Among Women with Central Body Fat », E. Epel et al., in « Psychosomatic Medicine », 2000.
COMMENT PERDRE DU VENTRE
Le stress, par la libération du cortisol qu’il entraîne, s’accumule dans le ventre. Trois parades : faire de l’exercice physique, identifier les causes du stress et tenter de les réduire (changer d’air professionnel ?), ou apprendre à y faire face plus sereinement (avec la méditation, par exemple).
avril 2001